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Les Petits Articles Pédagogiques de Méandres Musicaux- N°38 :Des basiques pour finir l’année ?

Notre problème, lorsque nous commençons à travailler notre instrument, c’est que l’état que nosu devons atteindre pour que tout fonctionne doit être réveillé à chaque fois : il ne vient pas immédiatement. Nous devons retrouver le lien adéquat entre notre corps, le son, notre mental et notre violoncelle. Ce retour à une bonne centration étant, de plus, un peu différent chaque jour en fonction de nos préoccupations et de ce qui a occupé notre journée.

Rien n’est acquis, il faut sans cesse sur le métier remettre notre ouvrage…

Cette nécessité de retrouver un accord entre nous et notre instrument va donc commencer au moment de l’émission de la première note c’est à dire lorsque … nous nous accordons (comme cette expression tombe bien!) Ne nous préoccupons pas de la simple justesse de nos quintes mais prenons immédiatement soin de nous au travers de ces quintes.

Essayez de penser à la bienveillance que vous devez prodiguer au son qui va sortir de vos cordes. C’est une rencontre, comme un premier contact que vous feriez avec une personne avec le désir de créer une relation.

Je vous suggère pour ces premiers sons de penser à rentrer dans vos cordes « comme dans du beurre » de façon à éviter la dureté.

Posez-vous tout de suite des questions d’ordre générale : ce son vous dit-il quelque chose de beau ( ne vous occupez pas seulement de la « justesse » au niveau de sa hauteur) ? Se déploie-t-il dans l’espace ? Rentrez-vous gentiment (mais suffisamment fermement pour que son émission soit satisfaisante) dans les cordes ? Votre corps anticipe-t-il le mouvement qui va permettre une bonne intelligence entre votre instrument et vous ? Êtes-vous passif ou actif quant à ce que vous aimeriez entendre ? Êtes-vous curieux de ce que vous allez entendre ou seulement stressé par le fait qu’il va falloir décider si cette fichue quinte est juste ou non ? Êtes-vous suffisamment plastique ?

Faites ces quintes en tirant largement puis revenez au talon dans l’espace pendant la résonance du son en sentant bien que votre geste en tirant n’a pas été brusquement interrompu et qu’il a bien fini son trajet avant de revenir naturellement dans l’autre sens en surfant sur la résonance qui est encore là. ( Prenez exemple sur une balle que l’on lancerait en l’air : elle ne retombe que lorsque son mouvement vers le haut est achevé, avec presque une légère suspension avant de retomber. Il en est de même ici mais dans un mouvement horizontal.) Cherchez également à avoir un mouvement du corps associé à cette émission sonore : Voulez-vous que le son aille vers l’avant ? Vers le haut? Dans tout l’espace ?

Puis, commencez systématiquement par un petit temps qui servira à scanner l’ensemble de votre corps dans une chasse aux tensions.

Faites des croches en petits détachés à la corde sur une corde en sentant bien que votre mouvement du bras n’est pas heurté. C’est un mouvement perpétuel de droite à gauche et de gauche à droite. Les muscles du bras sont le plus lourd possible (ce qui ne veut pas dire nécessairement que le bras sera bas …). Comme si le bras était rempli de sable. Vous ne pousserez que lorsque le tiré sera fini et vous ne tirerez que lorsque le poussé sera fini. Et cela ne vous empêche nullement de décider d’un tempo et d’une longueur rigoureuse d’archet (quelques centimètres pas trop loin du talon). Votre bras (entre l’épaule et le coude) fait juste de petits allers-retours parfaitement réguliers par rapport au corps de votre instrument.
Pendant ce temps, vous observerez ce qui se passe plus haut dans votre corps : les épaules, les omoplates, le cou, le visage, le mental (dites lui de lâcher prise!!). Et également plus bas : les muscles du dos, la respiration, les côtes, les petits mouvements du bassin, les cuisses, les jambes, les pieds…

Vous pourrez ensuite compliquer un peu en refaisant la même chose mais sur 2 cordes : 2 croches en détaché legato toujours, sur chaque corde. Un moment en commençant en tirant puis réessayez en commençant en poussant. Le poids du bras ne varie absolument pas. Attention au mental ! C’est votre ennemi préféré ! Tenez-lui les rênes courtes pour qu’il ne se mette pas à paniquer ou à fulminer. Vous devez le dresser pour qu’il vous obéisse : il ne doit pas avoir de pensées négatives et doit rester apaisé.

Refaites ensuite le même exercice sur une corde avec une note autre qu’un corde à vide à la main gauche puis avec 2 notes qui se suivent. D’abord 2 croches pour chacune (Mi- Mi-FA- FA- Mi- Mi- Fa-Fa- Mi-Mi- FA-FA…) puis sans répéter (Mi- Fa- Mi- Fa- Mi- Fa ….). Commencer en tirant mais faites ensuite l’exercice en commençant en poussant puisque ça change tout.

Faites maintenant un pizz sur une note que vous allez vibrer. Écoutez bien. Votre doigt est posé, vous faites le pizz puis vous vibrez. Comment le son vibré se diffuse-t-il ? Comment remplit-il le corps du violoncelle ?

Pour trouver le geste du vibrato, vous pouvez faire sur une table le geste de gommer : observez les articulations des doigts et du poignet : elles sont solides. Il en est de même pour le vibrato. Soyez toujours dans un état de bienveillance avec votre touche et votre corde : Le doigt appuie dessus mais sans violence.

Voilà ! Si vous sentez que vous avez apprivoisé vos tensions, vous pouvez maintenant commencer à ouvrir votre monde sur vos partitions !


Méandres Musicaux

Les petits articles Pédagogiques de Méandres Musicaux – N°37 : les paramètres du son.

Le son, le son, le son !!

Cherchons aujourd’hui à être efficace pour trouver cette sonorité sur notre violoncelle, pleine et ronde, quelle que soit sa puissance, qui nous touche lorsque nous l’entendons ou lorsque nous la pétrissons …

Un petit rappel : le son se fabrique avec plusieurs éléments :

  • la place de votre archet entre touche et chevalet
  • Le poids que vous mettez sur la corde
  • La vitesse (donc la longueur d’archet ) que vous utilisez
  • la place de l’archet entre le talon et la pointe

Ces différents éléments sont sans arrêt en adaptation les uns par rapport aux autres pour que l’équilibre se trouve : Si vous ne jouez que des noires et que vous voulez toujours garder un son égal alors qu’à un moment votre archet doit prendre plus de longueur, vous allez être dans l’obligation de changer votre poids sur la corde . De même, si , toujours en noires, vous voulez jouer plus près du chevalet ou plus près de la touche, vous serez dans l’obligation de changer votre poids et votre vitesse.
Si vous voulez jouer ces mêmes noires au talon ou à la pointe votre poids devra être différent.
Si vous voulez jouer une note du talon à la pointe, votre poids sur la corde doit sans arrêt évoluer pour que votre son reste égal…

Nous devons chercher une constance dans notre son (Étant bien entendu que même si je change de nuances, cette constance, cette particularité de mon son, doit être présente.) mais cela ne veut pas dire que nous pouvons avoir une vitesse d’archet standard ou une longueur d’archet standard (attention ! L’archet a une grande propension à vouloir systématiquement revenir au talon en poussant …), bien au contraire. La constance du son est due à notre capacité d’adaptation et non à notre invariabilité.

Travaillons pour mieux saisir cela :

  • Sur une corde à vide, celle de Sol par exemple, installez votre archet très près du chevalet, à la frontière du possible pour que l’archet puisse aller saisir les graves de votre corde. Et maintenant jouez du talon à la pointe et de la pointe au talon, sans vous arrêter, avec un archet qui va le plus lentement possible. (vraiment le plus lentement possible : là aussi, essayez d’aller au plus près de l’irréalisable!) Cela vous fait 2 contraintes et le seul élément sur lequel vous restez libre est le poids de votre corps sur la corde par l’intermédiaire de l’archet. Vous allez vite sentir et entendre que celui-ci, si vous cherchez un son qui soit plein et sans parasites, doit être important, voire très important. On frôle l’impossible !! Mais par contre, lorsque vous allez trouver le bon mixage de ces éléments (sans tricher : gardez l’archet près du chevalet ! ) votre son sera extrêmement dense et impressionnant. Vous êtes en contact avec toute la puissance de votre instrument et imprégnez-vous bien de cela : même lorsque vous jouerez avec un son moins extrême, la qualité que vous entendez là devra être présente. Bien sûr (parce que c’est évident, n’est-ce pas!) votre archet restera toujours bien perpendiculaire à la corde…

La difficulté sera bien sûr, physiquement, de trouver comment abandonner le poids de votre corps dans votre archet jusqu’au contact de celui-ci avec la corde. Il ne s’agit pas d’appuyer avec la main ou le bras mais de faire tomber le poids de l’ensemble du corps au bon endroit. Cela ne doit pas être fatigant. C’est votre buste, au niveau de l’articulation du bassin, (et non pas seulement la tête qui va vers l’avant, ce qui n’a aucune efficacité : faites attention !) qui se laisse aller dans le violoncelle, un peu comme si vous vouliez faire rentrer la pique dans le violoncelle. Vous devez sentir que vos pieds, surtout au niveau des orteils, deviennent plus lourds dans le sol de ce fait. La main n’est pas tendue mais par contre elle doit laisser passer toute la masse du poids sans s’affaisser. C’est un équilibre délicat entre grande souplesse et solidité (comme d’habitude!!). Et, n’oubliez pas que des micros-mouvements doivent toujours être présent pour que le corps ne se fige pas (si vous êtes dans une position trop fixe « d’abandon », vous allez rapidement ne sentir que l’impression de fixité et plus du tout celle d’abandon !) donc votre corps, même s’il doit sentir qu’il se pose dans le violoncelle, doit pouvoir aller un peu à droite, un peu à gauche, un peu en avant un peu en arrière, pour que le son, et vous, restiez vivants. De toute façon, puisque vous allez vers la pointe ou vers le talon, le poids va varier sur l’archet pour avoir un son constant donc votre corps va écouter et s’adapter aussi. De toute façon aussi, vous voulez certainement que votre son ne ressemble pas à un son de machine donc vous allez lui donner du contenu, des petits effets qui le rendront vivant… Et de toute façon encore, si vous respirez, il y aura déjà des micros-mouvements. Respirez comme une vague qui déferle ou se prépare à déferler. Écoutez, écoutez, écoutez : c’est le son qui vous guide et qui vous instruit pour que vous ne soyez pas submergé par toutes ces exigences.

  • Le 2e exercice consiste à jouer sur cette même corde avec l’archet tout près de la touche, à nouveau du talon à la pointe et de la pointe au talon, avec une vitesse très lente et à trouver un son qui garde un beau timbre, pas trop de souffle dans le son, et beaucoup d’harmoniques graves. Le son sera intime ou comme sur le qui-vive. Ici encore, c’est avec le poids que vous allez pouvoir trouver la solution: il faudra que l’archet soit aussi léger qu’une plume. Physiquement, c’est bien plus fatigant que de jouer un forte car il faut enlever du poids et donc laisser le bras un peu suspendu. Pas seulement la main, mais bien le bras. La main, elle, tient l’archet bien plus fermement que dans l’exercice précédent pour que le poids ne passe pas trop dans l’archet. Au talon, c’est presque un défi : il faut encore enlever du poids (peut-être relever un peu plus le poignet) ! Bref, à nouveau nous nous trouvons avec des paradoxes : le son est très fin mais l’effort est assez grand. Le son est comme une plume mais la main est assez ferme. Le son doit donner l’impression qu’il est parfaitement aisé mais pour le façonner notre vigilance doit être absolument totale …
    D’autre part vous ne pourrez pas réussir à faire une tourne d’archet correcte sans vous aider vraiment beaucoup avec le mouvement du corps. Et la respiration est, là aussi, absolument primordiale pour rester dans un (relatif) confort.
  • Un petit bonus : reprenez le premier exercice avec l’archet tout près du chevalet et faites un mib sur la corde de Sol en 4e position: puis, quand votre son est bien ample et dense, rajoutez du vibrato : cherchez à trouver le vibrato qui va bien s’entendre. Donc sa bonne vitesse, sa bonne amplitude. Mariez la vibration de la corde avec la vibration de la note. Trouvez ce qui vous convient le mieux.
    Votre doigt de la main gauche doit également être profondément pesant dans la corde. N’oubliez pas que c’est l’archet et votre bras droit qui incite la main gauche (et le bras gauche) à trouver son mouvement.

  • Un 2e bonus ! Pour tenter de trouver ces poids du corps dans votre instrument sans forcer je vous suggère ce petit exercice : poser les doigts de vos 2 mains sur les cordes du violoncelle vers la 4e position en enfonçant peu, juste de façon à ce que les doigts touchent la touche. La main gauche sur la corde de La ou Ré et la main droite sur la corde de Do. Comme si vous jouiez des notes avec vos 2 mains. Essayez de bien percevoir le poids de ces 2 mains et de vos bras. Puis basculez très progressivement le poids de votre buste dans le violoncelle (pensez aux pieds!) de façon à ce que les mains s’enfoncent de plus en plus dans la touche sans effort. Elles n’appuient pas : elles se laisse envahir par votre poids. Refaites l’exercice en cherchant ces mêmes sensations et ce moindre effort avec votre main gauche toujours en 4e position et votre archet vers le talon. Toute cette vigilance autour des ingrédients qui vont façonner votre son ne doit jamais vous quitter. Essayer avec le morceau que vous travaillez, de changer un des paramètres : la longueur de votre archet, ou son poids, ou sa place entre touche et chevalet, réadaptez les 2 autres paramètres en fonction du premier et constatez les différences de jeux, de confort et de musicalité. Dans votre jeu vous devez passer votre temps à jongler avec ces éléments et c’est ce qui va rendre votre musique attractive.
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Les petits articles Pédagogiques de Méandres Musicaux – N°36 : Une impro simple, juste pour ressentir le principe de l’absence de partition.

Ce qui est inhabituel lorsque l’on fait de l’improvisation c’est de devoir réfléchir très vite pour pouvoir prendre des décisions.

Je vous propose de mettre en route le processus avec un exercice assez simple car très cadré. Ce qui n’empêchera pas, au début, de se sentir peut-être un peu dépassé par les évènements car nous n’avons pas cette habitude de décider par nous-même de la prochaine note à jouer…

Faisons d’abord un peu de théorie :

Les « gammes » sont devenues notre pain quotidien en musique mais dans l’antiquité, on utilisait plus d’échelles de succession d’intervalles différentes : les « modes ». Seuls 2 modes principaux sont restés pour devenir notre gamme Majeure et notre gamme mineure.

Le principe du mode ou de la gamme est de trouver une « échelle » d’intervalles sur un ensemble de 8 notes, par exemple : du Do au Do à l’octave, ou du Ré au Ré à l’octave …) avec la place des tons et demi tons à des endroits différents dans chaque échelle (par exemple la gamme majeure -anciennement « mode de Do » ou « mode Ionien », a une échelle qui, du bas vers le haut, nous fait jouer : Do-Ré-Mi-Fa-Sol-La-Si-Do autrement dit : 1 ton-1 ton-1 demi-ton- 1 ton -1 ton-1 ton- 1 demi-ton.

La gamme mineure -anciennement « mode de La » ou « mode Eolien »- nous fait jouer sur l’échelle : La-Si -Do -Ré -Mi -Fa -Sol- La : c’est à dire 1 ton-1 demi-ton – 1 ton- 1 ton- 1 demi-ton- 1 ton (ensuite devenu 1 ton et demi car le sol a gagné un #) – 1 ton ( ensuite devenu 1 demi-ton).

Comme vous le voyez donc, les différents modes se sont créés à partir d’une échelle de notes conjointes et sans aucune altération. Au moins, le travail est simplifié à ce niveau-là ! Chaque mode est vraiment caractéristique et donne une couleur particulière.

Essayez : Faites le mode de Do (do ré mi fa sol la si do), puis celui de Ré (ré mi fa sol la si do ré) , puis celui de Mi. (mi fa sol la si do ré mi) etc… l’ambiance n’est pas du tout la même.

Bien sûr puisque vous avez votre modèle qui vous donne la place des tons et demi-tons consécutifs vous pouvez maintenant utiliser le mode de Mi (mi fa sol la si do ré mi) en partant d’une autre note que le Mi. Le tout étant de respecter les intervalles de votre modèle (poour le mode de Mi (ou mode Phrygien) ce sera donc : 1 demi-ton- 1 ton- 1 ton- 1 ton- 1 demi ton- 1 ton- 1 ton, quel que soit votre note de départ.) Du coup on va retrouver nos altérations pour créer les bons intervalles : par exemple si je veux utiliser le mode de Mi en partant d’un : sol , cela donnera : Sol-Lab- Sib- Do- Ré- Mib-Fa – Sol….

Soit dit en passant, c’est ainsi que nous avons crée toutes les gammes majeures et mineures : la gamme majeure dont le modèle est donc :Do ré mi fa sol la si do donne l’ échelle de : 1 ton- 1 ton- 1 demi-ton- 1 ton- 1ton- 1 ton 1 demi-ton, et si nous voulons commencer cette échelle par un sol (la gamme de Sol) il faut mettre un dièse sur le Fa… Si nous voulons commencer notre échelle par un Ré (la gamme de Ré ), nous devrons ajouter un dièse au Fa et au Do. Si l’on veut créer une échelle en partant du Fa (la gamme de Fa) Il faudra mettre un bémol sur le Si …etc

Voilà pour la théorie, passons à la pratique :

Nous allons pour notre exercice utiliser le mode de Ré. C’est à dire, sans altérations, Ré mi fa sol la si do ré.

Jouez déjà cela plusieurs fois en montant et descendant pour vous mettre dans l’ambiance un peu médiévale de ce mode.

Comme dans toute gamme (je vais maintenant utiliser cette appellation, plus habituelle) il y a certaines notes plus importantes que les autres et qui vont immédiatement faire comprendre dans quel système nous sommes.

Il s’agit bien sûr de la première note de notre gamme (le Ré) et des lieutenants de ce Ré qui seront la tièrce et la quinte c’est à dire Fa et LA. Donc, l’arpège de la gamme, en fait… Ré- Fa -La seront les notes qui ferons comprendre que nous sommes dans le mode de Ré. (que l’on connaisse la théorie ou pas : notre oreille suffit)

Pour bien se faire comprendre il va donc falloir utiliser plein de « Ré » en les plaçant sur les temps importants de notre mesure, bien sûr. Puis pas mal de « Fa » et pas mal de « La » , également sur les temps importants. En procédent ainsi, le code est bien en place et vos accolytes comprendront dans quel monde vous voulez jouer…

Vous allez maintenant prendre une pulsation très lente pour donner à votre cerveau le temps de comprendre ce que vous voulez faire sans le mettre en échec.

Vous allez penser à une mesure à 4 temps. Les temps importants -les temps forts- comme vous le savez, sont le 1e et le 3 temps. Je vous conseille de battre un peu cette mesure sans jouer pour bien vous imprégner de cette insistance sur le temps 1 et 3 sans plus avoir à y réfléchir par la suite. Soyez dansant et insistants.

Puis, commencez à jouer sur votre pulsation uniquement des « Ré », des « Fa », des « La » et des « Ré » à l’octave (jouez sur les 2 cordes supérieures pour que ce soit plus simple) en mettant surtout les «Ré » sur le 1e temps .

Vous pouvez créer des rythmes autres que des noires.

Vous pouvez faire plusieurs fois la même note si vous le voulez.

Il n’est dèjà pas si simpe de sentir où sont les temps forts (sans cette fameuse partition qui nous mâche la besogne !) alors faites-le assez longtemps. Et, si c’est déjà paniquant, faites 10 fois plus de Ré que de Fa et de LA…Essayez d’avoir un bras droit très dynamique pour que votre corps sente cette pulsation rythmée (Le son doit faire un peu « wouam » sur les temps forts). Et avec la main gauche rendez aussi plus dynamique ces notes des temps forts ; Et n’oubliez pas que tout ceci est très dansant.

Lorsque vous êtes à l’aise avec cet exercice, vous allez ajouter les notes « de passage », c’est à dire les notes qui vont du Ré au Fa, ou du Fa au La , ou du La au Ré supérieur. Mais en gardant bien les notes importantes sur les temps importants (de toute façon, à ce stade là, vous sentirez certainement quand vous vous trompez!)

Un petit exemple :

C’est vite un mode assez obsédant !! Mais on peut s’amuser si le corps reste bien dynamique et dansant.

Lorsque vous êtes à l’aise vous pouvez aller chercher des notes dans d’autres octaves et, pourquoi pas, dans d’autres positions !!

Méandres Musicaux

Les petits articles pédagogiques de Méandres Musicaux – N°35 :ouvrir ses oreilles encore !

Après avoir pris le temps de s’accorder en écoutant bien vos quintes, prenez un moment pour faire résonner ces quintes (le fondement de votre violoncelle, donc) autant que possible :

Jouez les 2 cordes à vide Do-Sol sur une ou 2 secondes en tirant et envoyez le son le plus activement et le plus loin possible avec un geste énergique de votre bras droit ( un peu le même que si vous jetiez un gros caillou loin). Écoutez bien ce que les cordes produisent au moment où vous envoyez le son : ça râcle un peu et c’est bien ! Votre son est donc vivant et non pas comme un son électronique tristement stable ! Prenez le temps d’écouter la résonance jusqu’à ce qu’elle s’éteigne vraiment complètement. Puis constatez aussi : Les 2 notes restent -t-elles audibles autant l’une que l’autre ou pas ? Que fait le son dans l’espace ? Sentez-vous son dessin ? Entendez-vous le Do résonner alors qu’il est déjà complètement ténu ?

Puis faites la même chose avec les 2 cordes à vide Ré-La, également en ayant la patience et la curiosité d’écouter jusqu’à l’extinction complète du son. Aiguisez encore votre attention : La résonance dure-t-elle aussi longtemps qu’avec les cordes basses ? Que fait le dessin des sons dans l’espace ? Votre geste est-il identique ?

Ensuite envoyez dans l’espace la quinte Do-Sol toujours avec beaucoup d’énergie et superposez-y tout de suite la quinte Ré-La en repartant en tirant : écoutez à nouveau comment les 4 cordes résonnent et se mélangent et combien de temps elles perdurent dans l’espace. C’est toujours fascinant…

Pendant cet exercice, faites attention à votre bras : il doit donner de l’énergie au moment où il balance les sons dans l’espace mais il peut se détendre tout de suite après : inutile de le laisser crispé.
Et lorsque vous superposez vos 2 quintes il faut bien sûr que la quinte Ré-La arrive assez vite sur la quinte Do-Sol si vous voulez pouvoir profiter de cet accord de 4 notes. Le bras doit donc trouver le geste juste pour revenir vite au dessus de la 2e quinte, détendu ET actif, sachant, alors que vous tirez encore, qu’il va revenir au talon dans l’espace avec un geste rond. Pour cela inspirez aussi vite que votre élan au moment ou vous envoyez la 1e quinte et commencez à expirer tranquillement juste avant de tomber sur la 2e quinte.

Vous pouvez évidemment inverser les 2 quintes en commençant par Ré-La et en y superposant Do-Sol. Ou bien jouer Sol-Ré/ Ré-La ou bien Sol-Ré/Do-Sol… rien ne sonne absolument pareil et vos gestes dans l’espace devront être chaque fois différents en tenant bien compte des axes des cordes.

Comme nous avons de la chance de jouer d’un instrument qui a un aussi long temps de résonance !
Et pensons bien que nous devons intégrer cette partie du son dans notre jeu.

Méandres Musicaux

Les petits articles pédagogiques de Méandres Musicaux- N°34 : l’articulation de la main gauche.

Lorsque nous jouons, il se trouve que nous n’avons pas à toujours articuler nos doigts de la même façon. Cela dépend de la place de la note dans la mesure et dans le temps. C’est important pour que le rythme existe et également pour le confort de la main.

Commençons pas nous occuper de la mesure : Jouons une gamme de Do en noires, en tapant simplement les doigts de la main gauche sans pizz et sans archet, de façon à bien entendre ce qui est produit. Jouons-là d’abord tout simplement en première position. Nous pourrons compliquer le doigté par la suite en évitant les cordes à vide et donc, en changeant de position.

Décidons qu’il s’agit d’une mesure à 2 temps. Le travail va consister à faire entendre les premiers temps plus que les deuxièmes temps. Nous allons donc davantage articuler les 1e temps que les 2e. Ou… moins articuler les 2e temps que les 1e temps, ce qui permettra de mieux sentir la souplesse et le moindre effort… Il faut en tout cas entendre un relief dans la façon dont les doigts vont tomber sur la corde. PAM pam PAM pam PAM pam….

Nous commençons par la corde à vide de DO et la main gauche doit malgré tout sentir une articulation des doigts à ce moment-là. Elle provoquera cette articulation sur toutes les cordes à vide puisque celles-ci vont toujours tomber sur le temps fort si vous ne répétez pas le do du haut avant de redescendre votre gamme.

Nous allons donc articuler ainsi :

0 1 3 4 0 1 3 4 0 1 2 4 0 1 2 1 0 4 2 1 0 4 3 1 0 4 3 1 0
ou :
DOMI fa SOL la SI do RE mi FA sol LA si DO si LA sol FA mi RE do SI la SOL fa MIDO

Attention ce n’est pas parce que vous pensez à articuler que les doigts font des mouvements saccadés et deviennent raides !

Vérifiez sans votre instrument en faisant une marche à 2 temps en noires durant laquelle votre pied droit tape plus que votre pied gauche(ou l’inverse) : les gestes s’enchaînent et sont fluides et c’est très important. Le pied qui va faire le temps à venir est aidé par la jambe précédente qui change de dynamisme pour l’aider à taper plus fort : il en est exactement de même avec vos doigts : celui ou ceux qui viennent de se poser aident le (ou les ) suivant(s) à articuler en changeant, eux, de dynamisme.

Nous allons ensuite faire la même gamme mais en pensant une mesure à 3 temps dans laquelle, bien sûr, vous ferez ressortir le 1e temps par rapport aux 2 autres. Ce ne sont donc pas les mêmes doigts qui vont être sollicités.

0 1 3 4 0 1 3 4 0 1 2 4 0 1 2 1 0 4 2 1 0 4 3 1 0 4 3 1 0
ou :
DO ré mi FA sol la SI do ré MI fa sol LA si do SI la sol FA mi ré DO si la SOL fa mi RE do

Une fois cet exercice travaillé vous rajouterez l’archet : dans la gamme à 2 temps, l’archet fera des liaisons par 2 et dans la gamme à 3 temps, des liaisons par 3.

Le risque à cette étape-là est que la main gauche ne fasse plus du tout d’effort puisque l’archet fait les liaisons ! Faites donc bien attention à continuer votre articulation de la main gauche qui doit rester dominante. L’archet fera alors tout naturellement la bonne articulation aussi.

Dans tout ce travail, prêtez l’oreille aux doigts qui ont envie d’articuler fort alors qu’on ne leur à rien demandé ! C’est souvent ceux-là qui vous font ensuite faire des erreurs de rythme dans vos morceaux alors que vous ne comprenez pas pourquoi : si une note est marquée alors qu’elle n’a aucune raison de l’être (à part le besoin de ce doigt-là qui aime taper à ce moment-là !) elle va vous déséquilibrer et casser la mesure et tout va aller de travers ensuite… Vigilance, vigilance !

Méandres Musicaux

Les petits articles pédagogiques de Méandres Musicaux – N°33 : Chasser le doute.

Lorsque je joue, je dois être capable d’entendre dans mon chant intérieur les notes qui suivent celles que je suis en train de jouer. Ce chant intérieur, qui n’est pas ma voix chantée mais bien le son de mon instrument, me permet de me préparer à la justesse, à l’articulation, à la couleur, au sentiment, aux mouvements à produire et à l’état dans lequel mon corps va se trouver. Sans cette anticipation, je ne peux évidemment pas espérer trouver de la précision et de l’intention dans mon jeu : d’une manière générale d’ailleurs et donc bien au delà de mon instrument, si je n’ai pas décidé où je veux aller, si je n’ai pas de projet, je vais sans doute ne pas bouger ou végéter ou bien partir du principe que ma bonne étoile va réagir -mais, on le sait, elle n’est quand même pas systématiquement au rendez-vous ! –

Mon écoute est donc constituée de deux pistes différentes : ce que j’entends en direct et ce que j’entends en anticipation.

Parfois, je ne suis pas satisfaite de ce que je produis avec mon instrument en direct. Ça y est, le doute s’installe… Et, malheureusement, la plupart du temps, cela me rend indisponible à la capacité de produire ce que je dois entendre en anticipation.
Je trébuche et, au lieu de retrouver mon équilibre au bout de deux ou trois notes, me voilà au tapis ! Je n’ai plus mes 2 pistes à disposition qui me maintenaient en équilibre et celle qui reste, orpheline, m’entraîne de plus en plus dans les affres de l’insécurité. Au secours je n’entends plus ce que je veux faire !

Le doute est tellement puissant qu’il est capable de prendre absolument toute la place et de m’empêcher de penser ma musique à l’avance.

Le travail va donc consister à savoir repousser le doute et pour cela il faudra rendre mon chant intérieur plus fort que son assassin.

Commençons facile, bien sûr : jouer la mélodie qu’on est en train de travailler très lentement en s’efforçant de toujours entendre la ou les notes qui vont suivre avant de les jouer. Les entendre impliquant la hauteur et la qualité. Penser bien à l’attitude du corps. Il doit être actif pour réussir cette sorte de prouesse qui consiste à entendre les deux pistes décalées.

Anecdote : une de mes élèves est en train de jouer son morceau, je la vois faire « non non » de la tête, navrée de jouer ce démanché bien faux. Et puis l’instant d’après, elle se redresse et tout à coup son corps entier reprend sa place dans l’équilibre et la confiance et la suite se passe bien ! Il était tellement visible que, grâce à son corps, elle avait vaincu le doute et retrouvé son chemin de la double écoute ! Bravo !

Méandres musicaux

Les petits articles pédagogiques de Méandres Musicaux : N°32 – Ne pas jouer détendu !!

Imaginez que vous transportez une assiette pleine d’eau à ras bord. Constatez la concentration que cela vous demande pour ne pas faire les mouvements intempestifs qui agiteraient l’eau et la feraient déborder.

Cela demande une grande présence aussi bien psychique que physique.

Observez par exemple ce que cela provoque vers vos abdominaux : ils fonctionnent souvent dans ce genre d’exercices. C’est l’endroit de votre corps qui va peut-être aider à tenir l’ensemble. (Sans forcer, bien sûr, c’est juste qu’ils sont « éveillés ») Par contre votre psychisme doit être en même temps non crispé ET très présent. Vos bras aussi doivent être disponibles MAIS tenus et très contrôlés…

Avec notre instrument, le travail pour accompagner une note jusqu’à la suivante est très comparable à cette expérience. Il faut en effet écouter TOUS les éléments du son qui est en train d’exister (l’eau qui reste dans l’assiette), ne rien laisser sur le bord de la route (l’eau qui déborde) ET arriver à un endroit bien précis : la note suivante tout d’abord et, dans une autre échelle qu’il ne faut pas oublier, la fin de la phrase ou de l’élément de la phrase.

Il ne suffit pas de remplir l’assiette d’eau (faire une note juste) , il faut agir avec (la mener plus loin) et c’est bien sûr ce cheminement qui rend la chose passionnante en musique, avec toute la présence et le suspens que cela implique.

C’est un peu comme suivre un match de tennis : la balle va d’un joueur à l’autre jusqu’au bout du service. Les spectateurs suivent l’échange avec passion.

Une autre image pourrait être celle de l’action de sortir une ancre de l’eau à l’aide des deux mains qui se relaient sur la corde qui la tient : si mes gestes s’enchaînent mal, la corde ne va pas avoir une tension régulière et je perds une efficacité considérable.

Dans notre jeu nous avons besoin, à parts égales, de notre mental et de notre physique. La présence physique n’est pas du tout synonyme d’efforts musculaires en force ni de grands mouvements mais elle est néanmoins très profonde, et prend sa source dans le centre du corps, vers les abdominaux. C’est elle qui, pendant le déroulement de la phrase, emmènerait (à peine!) le corps dans son entièreté un peu vers l’avant ou un peu vers un côté. Elle est puissante et mesurée.

Ma pensée, elle, maîtrise ce qu’elle veut faire avec les notes de façon très dense, presque musculaire, justement. Elle « tend » vers un endroit précis.

Sans ce binôme, l’idée, le son, et le mouvement se dispersent et la crédibilité et la présence disparaissent.

Toute la difficulté, comme souvent avec un instrument, est de sentir ce jeu très subtil entre la détente et la puissance… Non ! Nous ne pouvons pas jouer « détendu » dans son sens le plus commun ! Nous avons besoin de tensions mais elles doivent être mesurées au plus juste.


Méandres Musicaux

Les Petits Articles de Méandres Musicaux – N°31 : le minimalisme.

Etudions un peu la souplesse de notre main droite. Très souvent, le message qui a été enregistré concernant la manière de faire de bonnes tournes d’archet est celui-ci : « il faut FAIRE BOUGER les doigts de cette main et le poignet». Mais si on y réfléchit, bien sûr que non. Si vous demandez à vos doigts et à votre poignet de BOUGER quand l’archet tourne, surtout sans préciser dans quel axe vous voulez qu’ils le fassent, ils vont avoir tendance à entraîner la baguette dans tous les sens ce qui empêchera la corde de vibrer avec régularité.

Au contraire les doigts et le poignet doivent d’abord avoir pour tâche de trouver le plus minuscule geste possible qui permettra de rester dans l’axe.

Pour cela : Tendez votre index gauche au bout de votre bras pour « montrer du doigt» (ce qui ne se fait pas, comme nous le savons!) Puis ramenez votre avant-bras devant vous dans l’axe qui serait celui de l’archet (parallèle au corps ).

Installez votre main droite sur l’index gauche qui va devenir le remplaçant de la baguette. Tous les doigts bien à leurs places : cela loge juste, normalement. Imaginez où serait la mèche pour bien mettre les doigts dans le bon enfoncement par rapport à l’index/baguette (le bout du majeur toucherait cette mèche, par exemple).

La main et le bras gauche ne vont plus bouger à partir de maintenant.

Nous allons essayer de trouver le mouvement du bras droit (qui peut partir du milieu de l’avant-bras, par exemple) le plus efficace possible qui permettrait de commencer à tirer et retour. L’idée est que ce mouvement du bras aille se répercuter, immédiatement, et sans perte de mouvement, dans la main droite et surtout dans l’index de la main droite.


Le début du mouvement du bras et sa répercussion sur les doigts doivent être tout à fait synchronisés : Votre efficacité doit être immédiate. Il n’est pas question que le bras soit obligé de se déplacer de 3 centimètres avant que la main droite en prenne conscience. Nous ne pouvons pas nous autoriser cette perte de rendement. Elle déstabilise beaucoup trop l’ensemble. (Imaginez une locomotive qui serait obligée de se déplacer de 10 mètres avant que le premier wagon commence à bouger!)

Tirez bien (avec l’idée que cela déplacerait l’archet d’un demi centimètre, pas plus) exactement dans le plan de votre main droite, à votre droite, et retour. Le poignet ne se déforme pas. Aucune articulation ne donne du mou. De l’extérieur, ce mouvement du bras est presque imperceptible mais pour vos doigts de la main droite, et particulièrement pour votre index, la sensation doit être puissante. En fait seule votre peau va un peu rouler, horizontalement, très fluidement. Et retour. Tout ceci est complètement pneumatique.

Ne serrez pas du tout vos doigts contre votre « baguette/index gauche ». A chaque nouveau mouvement tirer/retour , desserrez un peu plus la pression de vos doigts : ce n’est pas cela qui doit provoquer cette puissance mais le fait de faire le plus petit mouvement utile possible et d’être bien en contact avec votre « baguette/index gauche ».

De même ce n’est pas parce que vos articulations ne vont pas bouger qu’elles doivent serrer….

Travaillez ensuite de la même façon le mouvement du poussé. Cette fois-ci le bras droit va agir sur le petit doigt en premier. Et de la même façon vous allez sentir l’élasticité du mouvement.

L’étape suivante sera de remplacer votre index gauche par votre archet, de poser celui-ci sur la corde et de le retenir avec la main gauche pour qu’il ne bouge pas. Vous devez ressentir la même élasticité dans vos doigts : c’est votre peau qui se déplace un peu contre la baguette. C’est tout ! Cela suffit pour que votre mouvement de tourne de l’archet soit exact. Vos doigts restent à peu près perpendiculaires à la baguette. Ils n’ont pas du tout de mouvement d’essuie-glace dans leurs deux dernières phalanges.

Cela ne veut pas dire que vos articulations ne vont jamais être utilisées, bien sûr, mais la base du mouvement est celle-ci. Ensuite, selon vos envies musicales et une fois que ce geste sera intégré, vous pourrez prendre de la liberté tout en conservant votre axe.

Il faut maintenant essayer en jouant. Ce qui va remplace la résistance de la main gauche qui empêchait précédemment l’archet de se déplacer c’est le lien que vous avez avec votre corde. La résistance que vous mettez en jeu, justement… Ni trop, ni trop peu, bien sûr !

La souplesse que nous désirons tant n’a rien à voir avec un Malabar que l’on tire hors de sa bouche ! Ce qu’il nous faut, c’est juste de la plasticité. De l’extérieur, si l’on regarde un instrumentiste et son archet, on voit le système de la main et du poignet bouger mais en fait, il « est bougé ».

Méandres Musicaux

Les Petits articles Pédagogique de Méandres Musicaux – N° 30 : Les temps dans l’archet.

Je vous propose de poser votre instrument et de faire ce simple exercice : Avec votre main droite, doigts en l’air, en partant un peu au dessus du niveau de votre tête, imaginez que vous tirez vers le bas du bout des doigts un fil un peu résistant accroché au plafond. Expirez tranquillement par la bouche pendant ce temps-là jusqu’à ce que votre main arrive au niveau de votre poitrine. Puis, laissez un petit temps de rien (et non pas de retenue tendue) et laissez ensuite simplement vos poumons avoir envie de reprendre de l’air sans aucun effort musculaire et beaucoup moins lentement qu’en expirant. Toujours en passant par la bouche plutôt que par le nez. Ce n’est pas une respiration active, vous LAISSEZ FAIRE. Pendant cet inspir, qui n’est que détente et confort, votre bras et votre main droite vont sans doute remonter, n’étant plus sous la tension du mouvement de tirer sur le fil. Votre gorge reste complètement relâchée. L’air qui rentre se perçoit plutôt bas dans le tronc.

Faites ceci un certain nombre de fois sans du tout remplir et vider complètement vos poumons : il s’agit de faire le moins d’effort possible et de laisser le corps se débrouiller le plus possible sans notre intervention directive.

Ensuite, mesurez l’exercice : 3 temps pendant l’expir et un temps pendant l’inspir mais toujours sans la moindre volonté de FAIRE, à part la pulsation régulière. Votre gorge reste toujours bien passive. Vous devez à peine sentir l’air passer tans cette région est détendue, rien ne racle.

La troisième étape consiste à mimer un coup d’archet en rondes. Imaginez jouer bien à la corde. Faites juste le geste sans avoir l’archet dans la main et comptez bien les quatre temps dans votre tête. N’oubliez pas que vous avez besoin d’un peu plus de place pour le 4e temps de l’archet. Inspirez doucement pour votre levée avant de commencer, expirez sur les 3 premiers temps de l’archet et inspirez juste tranquillement sur le 4e. Considérez bien que vous jouez avec tout votre archet. Si vous ne faites pas d’effort votre bras droit va inspirer lui aussi sur le 4e temps et il tournera en sachant exactement quand le faire et sans tension dans les articulations. Vous allez sans doute sentir que les articulations gagnent un peu en fluidité. Sentez que cette fluidité concerne d’ailleurs tout votre corps.

Maintenant faites le avec l’archet sur une corde. Comptez vos temps fort dans votre tête tout en continuant à respirer par la bouche : « uuuuundeeeeeuxtroooooooooisquaaatreETuuuuuundeeeeeeuxtroooooooisetquaaaatre… » Sentez que votre voix (dans votre tête) est dans le legato. Un peu comme tout à l’heure, vous pouvez imaginer que vous tirez très régulièrement avec votre voix une corde un peu résistante. Ecoutez bien votre violoncelle: on entend que le son est vivant sur ce 4e temps et on passe sans mal au premier temps suivant ! C’est un exercice très relaxant et c’est le Legato !! Surveillez toujours la détente de votre gorge.

Essayons à présent avec une gamme en rondes. Sans doute que le ou les doigts qui se préparent pendant le 4e temps pour jouer le premier temps suivant profitent aussi de cette respiration !

Et, dernière étape pour aujourd’hui : faisons une gamme en blanches liées par 2. Les tournes de nos archet vont continuer à profiter de cette respiration sur tout l’archet. Mais pouvez- vous sentir que votre bras droit vit la pulsation ? Sans pour autant marquer les temps comme un métronome? Il n’y a rien de mécanique mais votre bras doit pourtant avancer de « temps en temps », imprégné tout du long de cette pulsation, en sachant où il va et jusqu’où il va.

Peut-être faut-il reprendre le mime pour un moment en disant à nouveau tout haut cette fois : uuuuuuundeeeeeeuxuuuuuundeeeeeeux. Est ce que votre voix réussi à influencer votre bras pour que celui-ci sente qu’il y a un plus de densité dans les passages de temps par exemple ? C’est exactement la même tension que si vous sortez de l’eau une corde chargée d’une ancre en la passant d’une main à l’autre : il se passe quelque chose un peu avant que les mains ne s’échangent. Essayer de « constater » cela plutôt que de le « provoquer ». (N’oubliez pas que notre corps en fait toujours dix fois trop quand on lui demande de suivre une consigne qui implique ses muscles !)

Pour conclure, votre bras droit, et par conséquent votre archet, ne sont bien sûr pas réguliers dans leur effort : il font quelque chose de « temps en temps » et il font quelque chose avant et pour tourner (mais en sachant que la tourne correspond aussi à un passage d’un temps à un autre!!!) . De « temps en temps » il s’agit plus d’un relais, avec un petit effort élastique pour passer le bâton au temps suivant (ou d’une main à l’autre si on pense à une corde), pour la tourne il s’agit plutôt d’une sorte de lâcher-prise/ bien-être…mais en sachant là aussi que la tourne correspond également à un passage d’un temps à l’autre …

Tout ceci ne s’entend pas grossièrement mais donne vie à chaque instant de votre musique et fait toute la différence. Tout ceci vous donne vie également d’ailleurs.

Méandres Musicaux

Les petits articles pédagogiques de Méandres Musicaux N°29 : Jouer et chanter.

Pour rester dans un travail en partant de la pointe, je vous propose de poser l’archet à la pointe avec comme consigne de ne faire aucun bruit et sans provoquer aucun rebond. Pour cela, il faut que le bras et la main soient complètement détendus. Essayer un certain nombre de fois et n’oubliez surtout pas d’expirer pendant le geste de détente qui vous rapproche de la corde.

Puis, en partant de cet arrêt parfaitement silencieux, commencez un son qui devra être immédiatement bien clair mais sans pour cela être nécessairement puissant. Faites également cela autant de fois qu’il le faudra et plus !

Maintenant, et en gardant cette attaque précise à chaque fois, revenez tranquillement vers le talon sur cette corde à vide et chantez en improvisant. Prenez le temps de bien écouter toutes les harmoniques qui apparaissent dans votre son avant de commencer votre chant pour être soutenu dans cette improvisation. Celle-ci va être courte : une toute petite phrase musicale d’une ou deux longueurs d’archet bien lentes…

Puis essayez de finir cette petite phrase en decrescendo, aussi bien avec la voix qu’avec le son… Comment finir de façon cohérente sans avoir l’impression de couper trop brusquement par défaut parce que vous n’avez plus d’archet ou plus de souffle ?

Recommencer plusieurs fois tout le processus pour créer un tout constitué d’un ensemble de petits mouvements de quelques secondes. Laissez bien les nouveautés arriver dans chaque temps de silence.

Cet exercice est profondément relaxant.

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