4. L’improvisation comment ?

Dans les stages, le début du travail consiste à suivre, à travers de courts exercices,  des  consignes souvent très simples mais qui obligent à mettre en mouvement une autre écoute et une autre forme de relation que celles que nous utilisons en général : plus reliée, plus fine, plus en lien avec  l’espace artistique que nous portons tous en nous. Nous nous approcherons ainsi, très progressivement, du monde de l’improvisation (ne serait-ce qu’en faisant une simple note vraiment habitée…). Rien n’est difficile mais tout est souvent rendu compliqué par notre mental qui cherche par tous les moyens à garder son rôle de superviseur permanent !
Les exercices demandent surtout une plus grande attention que la musique « habituelle » et permettent souvent de  s’apercevoir que c’est justement « l’habitude » qui nous empêche de les réaliser facilement. Ils seront d’abord beaucoup faits en groupe, sous formes souvent ludiques (ce qui ne les empêchera pas d’être révélateurs d’un certain nombre de disfonctionnements dont nous n’avions pas forcément conscience !) et nous n’approcherons que très progressivement l’improvisation en duo ou en solo.
Le geste, le souffle, la présence doivent devenir aussi importants que l’écoute du son et nous tenterons de travailler ces différentes entrées.
Reposant sur d’autres critères que l’excellence technique, ce travail s’adresse aussi bien à des instrumentistes confirmés qu’à des presque débutants. Les uns comme les autres pourront y voir évoluer leurs qualités artistiques les plus profondes.

Il est intéressant de toujours constater durant les stages de groupe ou dans un travail pédagogique avec les élèves, une grande bienveillance et une grande simplicité des participants : il ne vient à l’idée de personne  de juger ou de créer une sorte de compétitivité : l’enjeu n’est évidemment pas là et tout le monde en est, en général, immédiatement conscient. Chacun accepte simplement d’être confronté à lui-même,  avec ses facilités et ses failles, différentes d’un être à l’autre, et tente de progresser. Le respect de la personne, par le biais de ce travail, est tout de suite posé comme une évidence et une joie.  

L’enjeu de l’improvisation est finalement de pouvoir sentir la cohérence de ce qui est en train de se créer. Son but est le même que celui de l’existence : ce qui est derrière moi est derrière moi et je ne peux pas y revenir. Mais je dois m’appuyer sur ce qui a été positif dans mes actions antérieures pour pouvoir avancer sur mon chemin… C’est une bonne leçon de vie !

Quelques exemples d’improvisations* dans le cadre de stages  :

  1. Été 2008 – improvisation libre à deux violoncelles Christelle et Emmanuelle 4:29
  2. Été 2012 – Improvisation libre à deux violoncelles Gaëlle et Emmanuelle 5:03
  3. Enregistrement à une soirée de stage. Impro libre à deux violoncelles avec la consigne « faire du contemporain »… Christian et Emmanuelle 2:33
  4. Été 2012 – Improvisation libre à deux violoncelles et voix Camille et Emmanuelle 5:59
  5. Été 2008 – Quintet de stagiaires cordes : violon, violoncelles, contrebasse 5:03

< L’improvisation, pourquoi ?

Avertissements par rapport au matériel vidéo et audio

Ces enregistrements, reflets, sans aucune exception, de créations spontanées et éphémères qui ont eu lieu pendant la dernière soirée de différents stages de ces dernières années, correspondent à des improvisations « libres » et ne sont donc pas des morceaux reposant sur un système de grilles ou de consignes posées à l’avance entre les protagonistes. Ce ne sont bien évidemment pas des « produits finis » mais seulement des témoignages de ce qui peut surgir de ces moments de partage. Nous ne savons pas, au moment où nous commencerons à jouer, ce qui va être produit et où vont nous conduire nos premières notes. Nous ne savons d’ailleurs pas quelles vont être ces premières notes…Rien n’a été décidé à l’avance. Nous allons nous centrer, écouter et dérouler notre fil en nous appuyant les uns sur les autres pour créer une œuvre éphémère, certes, mais (et ceci est notre but) sensée.
Etant donné cette (énorme !!) difficulté, chaque prestation contient un certain nombre d’imperfections, inhérentes au danger de ce travail « sans filet » et qui correspondent à des temps de recherche, « d’erreurs » de compréhension de l’autre etc.
D’autre part cette musique, crée dans l’instant, perd une partie de son sens dans les enregistrements : le lien avec le public ne se ressent évidemment pas, or, il est capital dans ce genre de pratique : le public est partie prenante, beaucoup plus actif que dans un concert normal, et ceux qui sont sur la scène en profitent et sont aidé par cette attention particulière.
Enfin, ces enregistrements témoignent de QUELQUES façons de jouer parmi tant d’autres : chaque musicien apporte sa propre couleur musicale et le résultat des échanges est bien sûr toujours différent.