Les petits articles pédagogiques de Méandres Musicaux N°28. Pousser et tirer.

J’accorde mon violoncelle. Pour ce faire, je fais sonner ma corde de LA… Pourquoi ne pas en profiter pour commencer ce premier son à la pointe et en poussant ?

On est bien en équilibre quand l’archet est posé vers cette extrémité-là de la baguette ! Nulle impression d’être dans l’instable. Ce n’est pas comme au talon où le poids de l’archet est très grand puisque la baguette est entièrement à la droite de la main et de la corde.

Cela oblige aussi les doigts, la main et le poignet droit à trouver une forme qui fonctionne. Les doigts trouvent assez facilement leurs places en étant ainsi mis, sans mouvement préalable, dans cette situation un peu extrême d’office. Et le poignet n’a guère de choix ! Le bras comprend plus facilement sa position alors que lorsque l’on tire du talon vers la pointe, il a du mal à saisir comment faire pour s’allonger de façon simple.

Maintenant que nous sommes prêts à la pointe, poussons jusqu’au talon. Le but est de se retrouver à cet autre bout de la baguette avec un bras « normal », c’est à dire sans tension. Et le système du côté droit aura sans doute davantage de facilité à comprendre les enjeux de la direction du bras et des différents équilibres du poids de l’archet en partant en poussant.

La main en se rapprochant du talon réalisera mieux le poids progressif de la baguette qui se porte dans les doigts et donne aux doigts (et au bras) leur rôle de balancier. On pourra ensuite s’attarder sur la sensation de chaque doigt au talon en restant juste en appui sur 2 cordes ce qui est aussi très confortable.

Et puis l’attaque à la pointe sera moins effrayante que celle du talon qui fait souvent frémir par sa raideur ! Disons qu’il sera plus facile de travailler cette attaque en étant capable de contrôler ce que l’on fait.

Bref, inversons un peu nos habitudes pour trouver un nouveau confort. : Arriver vers la pointe en partant du talon est difficile sans avoir un bras et un poignet parfois complètement désarticulés alors que s’installer à la pointe n’est pas si difficile. Arriver au talon en venant de la pointe permet au bras d’être plus confortable et de comprendre certains enjeux.

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Les petits articles pédagogiques de Méandres Musicaux- N°27 :la justesse, la partie émergée de l’iceberg

Je fais une note, ouf, elle est juste mais… et après ?

Quelles sortes de résonances choisir ? Quelle est sa couleur ? Que transmet-elle ? Comment commence-t-elle ? Comment finit-elle ? Comment va-t-elle jusqu’à la note suivante ? Comment est mon corps à chaque milliseconde de cette note ? comment est ma respiration ?
Bref, toutes ces questions qui font que la justesse n’est en fait qu’une toute petite partie de cette note.. et de la suivante, et de celle qui suivra ensuite. Et pourtant, souvent, mon projet ne s’arrête-t-il pas à cette seule ambition de jouer juste ? Alors que le sens que je veux révéler au travers de ma musique est bien dans tous les autres paramètres. Il ne faut pas les oublier et c’est pourtant si vite fait tant cette justesse (indispensable!) nous prend d’énergie et de concentration.

Ne nous faisons pas d’illusion : nous aurons du mal à tout maîtriser. Ou plutôt, nous n’arriverons PAS à tout maîtriser… Alors, patience et humilité. Nous ferons ce que nous pourrons avec des moments de grâce et d’autres de frustration. Mais nous saurons que la finalité de la note n’est pas uniquement dans sa justesse. Et c’est déjà une bonne prise de conscience.

Il faut prendre le temps de jouer chaque note jusqu’à ce qu’elle ressemble à ce que nous désirons. C’est dans ce temps, dédié avec bienveillance à chaque note, que nous progresserons. Le processus est le même que dans la parole : un mot difficile doit être dit distinctement et demande plus d’attention et de lenteur , sinon il restera incompréhensible.

Et peut-être que si nous réussissons le plus souvent possible (c’est à dire, sans doute, pendant longtemps : seulement de temps en temps, parce qu’il est difficile d’être très attentif et disponible) à repenser aux petits cristaux des oreilles de l’article précédent, quelque chose de nouveau se produira ?

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Les petits articles pédagogiques de Méandres Musicaux- N°26 : L’oreille et le mouvement.

Une raideur physique est bien sûr préjudiciable pour le jeu instrumental. Elle est également désagréable à regarder. Par contre, dès qu’un léger bruissement apparaît, de façon globale dans le corps, le ressenti est tout autre.. La musique est plus vivante et, en tant qu’auditeur, on a l’impression de pouvoir mieux s’y couler, de mieux faire le lien aussi avec le musicien. C’est exactement comme si la personne en train de jouer recommençait à respirer (ce qui est d’ailleurs peut-être le cas!)

Nous n’allons bien sûr pas « bouger » pour bouger mais faire la chasse à la fixité est important. Sentir tous les micro-mouvements qui nous habitent nous aide dans notre jeu.

Nous savons que l’oreille est un organe complexe. Elle se compose de l’oreille externe, qui capte les sons mais, aussi, de l’oreille moyenne et de l’oreille interne. Une partie de l’oreille interne est l’organe de l’audition et l’autre celle de l’équilibre. Donc, l’oreille ne nous sert pas seulement à entendre mais a un grand rôle dans notre équilibre et notre posture. Voilà qui va bien nous intéresser !

Voyageons un instant là-dedans :

L’oreille externe capte les ondes sonores puis, dans l’oreille moyenne, juste derrière le tympan, les 3 petits osselets, le marteau, l’enclume et l’étrier, sont chargés de véhiculer les vibrations sonores venant du tympan vers l’organe de l’audition situé dans l’oreille interne. L’organe de l’équilibre, le vestibule, est lui aussi situé dans l’oreille interne. Dans ce vestibule, et selon les mouvements de notre tête, de minuscules petits cristaux se déplacent dans une matière gélatineuse et donnent des informations à des cellules ciliées qui tapissent cette région. Le cerveau est ainsi informé des mouvements et de la position de notre corps.
Un nerf relie ensuite l’oreille interne au cerveau et lui transmet donc des signaux sonores et des signaux liés à l’équilibre.

Bref, dans notre oreille, beaucoup de choses vibrent et bougent.

Je vous propose donc une petite expérience :

Pendant que vous jouez, pensez à votre oreille interne (située dans les os temporaux) et essayez d’avoir la sensation (ou l’imagination de la sensation, peu importe) que plein de petites choses bougent dans cet espace et ne doivent pas s’arrêter de bouger. Cela va sans doute créer de minuscules mouvements dans votre tête et votre cou et avoir des répercutions ailleurs.
Le résultat peut-être assez spectaculaire.

En ce qui me concerne, je ressens cela comme très sécurisant et je constate que mes mouvements, et donc ma musique, sont beaucoup plus fluides et cohérents lorsque je me connecte à cela…

Avoir de l’oreille est donc encore plus complexe que ce que l’on pensait ! Cela ne va pas arranger nos affaires !

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Les Petits articles de Méandres Musicaux- N°25: Une des formes d’émotion que je recherche en jouant d’un instrument…

En improvisation, un des exercices solo que je propose consiste à programmer sur un minuteur un temps donné, qui peut être de 7, 12 ou 20 minutes, au choix, puis de commencer à jouer un son de façon très minimaliste. Le but est d’essayer d’avancer petit à petit à partir de cette idée première sans cesser de la faire évoluer et sans laisser sur le bas-côté trop d’éléments que, parfois, l’on n’a même pas perçus tellement ils nous semblaient peu orthodoxes. Il faut pour cela être très conscient de ce que l’on est en train de faire aussi bien au niveau de la qualité du son (quelle que soit cette qualité) et pour cela nos oreilles doivent être très largement ouvertes pour percevoir le moindre changement et ne pas trier d’office dans ce qui leur semble à garder ou à jeter ; du geste que l’on est en train de faire pour pouvoir le développer, et il est difficile d’être conscient de tout ce qui se passe dans notre corps, de la pointe du gros orteil à la racine de nos cheveux : nous avons là aussi tendance à censurer un grand nombre de sensations, jugées peu représentatives ; du corps dans tous ses états, dans ses tensions, ses détentes, ses émotions ..Bref, il faut être à l’écoute de soi au maximum et ne pas penser au résultat : celui-ci nous surprendra et c’est ce que l’on cherche.

Pour cela il y a nécessité de mettre de côté tous les parasites qui nous encombrent si facilement : un jugement sur soi-même négatif, une voix critique trop habituée à trancher entre ce qui est « bien » ou ce qui n’est « pas bien », une crainte, une sensation de non-légitimité, l’impression de faire des choses interdites (même si, bien sûr on ne va rien faire de dangereux pour son instrument : il ne s’agit pas de le maltraiter, il est fréquent d’être arrêté par un sentiment d’illégalité !!)…

Or réussir à être suffisamment centré pour s’occuper SEULEMENT de ce que l’on est en train de faire sans ces ébranlements que nous impose notre pensée mentale est un plaisir très rare et très savoureux.. On se retrouve dans la situation du très jeune bébé qui  peut observer, ressentir , tenter ses expériences dans l’ordre qu’il préfère pendant ses premiers mois : le son pour se faire comprendre? le mouvement pour vite gagner en autonomie ? l’observation de ce qui l’entoure … Chaque enfant fait son choix et décide de ses priorités au milieu de toutes les sollicitations qu’il perçoit autour de lui.

Se trouver dans cette situation de très grande attention dans laquelle on est pratiquement absorbé par la nécessité de ne pas perdre le fil, comme si notre vie était en jeu (elle est en jeu!!) , et dans laquelle la pensée jugeante négative n’est plus au premier plan parce qu’elle n’a plus de place procure une émotion très forte (et très rare!) C’est une sensation de densité, de certitude que l’on est là où l’on doit être, à faire ce que l’on a à faire…. On en ressort un peu ébouriffé de surprise. On a perdu nos chaînes pendant un moment et c’est tellement bon !

Bien sûr cela n’empêche pas de faire marcher sa pensée : il le faut pour faire des choix de route, mais c’est une pensée curieuse de tout et capable de toutes les folies juste pour le plaisir de voir et entendre !

Le bonheur de travailler une pièce instrumentale écrite doit bien sûr être du même ordre : on utilise un sens critique bien développé mais pas pour se fustiger… juste pour aller plus loin…

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Les petits articles de Méandres Musicaux. N°24 : Pour qui joues-tu ?

Il est plus que probable que lorsque vous jouez et même lorsque vous travaillez, vous vous adressiez à une personne (ou un groupe de personnes) précisément. Même si vous n’en êtes pas complètement conscient et même si cette représentation est de l’ordre du fantasme . Votre musique ne gagnerait-elle pas en qualité et en profondeur si vous saviez à qui vous la dédiez ? D’ailleurs, la musique a-t-elle du sens, et un sens, si elle n’est pas dirigée ?

Je vous invite à investiguer en ce sens. Cette question est parfois bien intéressante à approfondir !

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Les petits articles pédagogiques de Méandres Musicaux . N°23 : Choisir son son et le maintenir.

Choisissez une note sur une corde en évitant de faire une corde à vide. Choisissez bien sûr également quelle sonorité vous désirez. Ce n’est ni le violoncelle ni l’archet qui peuvent faire ce choix, c’est vous !

Puis cherchez exactement les MEMES QUALITÉS de son sur la même corde dans une autre position avec une autre note.
Ces qualités consistent en votre choix de grain, la profondeur du son, sa couleur, l’émotion, le sentiment et les sensations que ce son est capable de procurer : il faudra donc prendre les mêmes choix sur la première et la deuxième note.

Maintenant essayez une nouvelle note, toujours avec les mêmes qualités, mais cette fois-ci sur une autre corde. Notre problème est que pour provoquer les mêmes effets, on ne doit pas forcément faire la même chose. Ce n’est pas la constance du geste que l’on cherche mais celle du son. Et pour avoir un résultat identique, il faut forcément changer son appui, sa vitesse d’archet….

On peut faire cet exercice avec un son très riche/ très épuré/ presque soufflé..

Essayez ensuite de garder ce principe sur une gamme : il faudra garder la même qualité quand on change de corde… de position… de sens d’archet…

Une fois capable de maintenir une constante de son il va falloir également, et sans perdre son idée première, ajouter des nuances. La phrase doit aussi pouvoir évoluer jusqu’à se transformer progressivement mais avec cohérence, en sachant à quelle vitesse elle progresse et vers où.

On peut remarquer que dès que l’intention perd sa stabilité (lors des tournes d’archet, ou des changements de position ou de cordes) lorsqu’elle se dégonfle à chaque difficulté, le discours n’est plus cohérent. Il perd toute énergie. Il manque de ce fil qui fait que l’on s’intéresse, qui fait que l’attention et la tension ne se relâche pas, ni de votre côté, ni du côté de l’auditeur.

Pour vous qui jouez, ce manque de constance dans le son ( ce qui ne veut pas dire que l’on ne fait pas de nuances !) entraîne aussi une dépense d’énergie considérable puisque vous devez sans cesse reprendre votre élan, sans cesse remettre l’ouvrage sur la table et tout recommencer. Vous n’êtes plus portée.

Si vous n’êtes plus portée, vous n’êtes rapidement plus intéressée non plus, malheureusement… Mais si vous trouvez ce fil qui ne rompt pas, alors le plaisir devient intense aussi bien pour vous qui jouez que pour celui qui vous écoute. Vous savez, et il sait, ce que vous êtes en train de faire et où vous voulez aller, coûte que coûte.

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Les petits articles pédagogiques de Méandres Musicaux- N°22 : Ne pas oublier le plaisir du corps !

Lorsque nous cherchons la justesse, nous pensons bien sûr immédiatement au travail que nous demandons à nos oreilles d’effectuer. Chaque jour nous nous confrontons à cette difficulté, tellement caractéristique de nos instruments, et cela paraît bien difficile et parfois assez abstrait et donc source de tensions .. De plus, notre instrument n’est pas un instrument tempéré et le problème est donc encore plus compliqué : Qu’est-ce qu’une note ou un accord juste ? Bien sûr nous devons anticiper en entendant la note dans notre tête mais cela ne suffit souvent pas pour avoir la perception très fine dont nous avons besoin.

Il est important de nous préoccuper de la vibration de notre instrument, c’est un indice qui a toute son importance. Tout doit résonner : le bois, les cordes…. Mais nous occupons-nous également de notre corps ? Lui aussi doit être mis en vibration : tout ce qui peut résonner dans notre corps doit le faire.


Autrement dit, cette notion de justesse doit être globalisée le plus possible : si notre corps éprouve de la satisfaction parce qu’il réagit avec plaisir aux sons qui nous fabriquons et que nous en sommes conscients, nous pouvons nous conforter dans notre impression de justesse. D’autre part cela nous détendra et nous sortira d’une approche trop intellectuelle de la chose (la justesse N’EST PAS une notion intellectuelle!)

De même dès que nous faisons le moindre son sur notre instrument, que ce soit dans un exercice, une étude ou un morceau, il est important de se connecter avec les sensations de notre corps et pas seulement avec la réaction de notre instrument. Cela nous aidera à aller plus facilement vers de beaux sons. Ce que nous cherchons, bien sûr !

… Le plaisir des sens, en fait !

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Les petits articles pédagogiques de Méandres Musicaux- N°21 : Comment poser les doigts de la main gauche à la bonne place ?

Les écarts entre chaque doigt sont bien compliqués à conscientiser et mémoriser puisqu’ils ne sont jamais égaux sur toute la longueur de notre manche ….

Comment travailler pour espérer jouer juste, tout d’abord dans une même position ?
Il faut que plusieurs systèmes de conscience se mettent en place en même temps mais dans un premier temps nous les mettrons en place en plusieurs plans distincts :

1) Bien sûr, savoir chanter très juste et tout haut la note que nous voulons.

2) Savoir entendre dans notre tête cette note avec le son de notre violoncelle (et toujours son nom en deuxième plan) avant de faire quelque geste que ce soit.

3) Avoir une idée extrêmement précise de l’endroit où se situe cette note et la « ressentir » (de façon proprioceptive englobant notre corps et le violoncelle ) avant de faire quelque geste que ce soit .

4) Savoir quel (ou quels ) doigt(s) vont agir et réveiller ce doigt ou ces doigts avant de faire quelque geste que ce soit .

5) Enfin, réaliser le geste en sentant que le doigt posé précédemment va permettre au(x) nouveau(x) doigt(s) d’agir. Faire le geste à différentes vitesses en sentant que le ou les doigt(s) VONT FAIRE UN ARC DE CERCLE plus ou moins haut pour aller se poser sur la corde : ceci permet de mieux concevoir l’écart nécessaire.

Sans cette notion de geste en arc, le ou les doigt(s) on tendance à ne pas assez prendre en compte la distance avec le doigt précédent et à ne pas assez se laisser porter par le doigt précédent.

Le mouvement sera fait de plus en plus vite mais sans oublier jamais de prendre le temps, à l’arrêt , de bien mettre en œuvre les points 1, 2, 3 et 4.

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Les petits articles pédagogiques de Méandres musicaux- N°20 : s’aligner.

Je suis toujours surprise par la capacité de nos oreilles à nous aider face aux problèmes de rythme…

Je donnerai deux exemples :

Il y a quelques années, j’avais une élève qui avait réellement de grandes difficultés à suivre une pulsation, même sur un morceau très simple avec juste des noires et des croches, et alors qu’elle avait déjà quelque chose comme 5 ans d’étude derrière elle. Nous avions beau chanter, battre la mesure, bouger, mimer, danser.. rien ne faisait progresser la chose : la stabilité était parfaitement absente.
Pendant un cours, je lui ai proposé de prendre 2 minutes pour simplement écouter les bruits et les sons du Conservatoire (et Dieu sait qu’il y en a!) autour d’elle. Ensuite nous avons repris le morceau que nous travaillions et… la pulsation était stable ! Cela n’a certes pas tenu plus que le temps du cours mais malgré tout…..

Avec un autre élève, même problème, avec de la technique d’archet et un métronome, impossible de se caler avec celui-ci. Comme si l’oreille n’avait pas la possibilité de l’entendre et d’en tenir compte. J’ai eu l’idée d’approcher le métronome d’une de ses oreilles pendant qu’il refaisait l’exercice: rien n’a changé. Puis de l’autre oreille.. Et là, miracle, tout s’est mis en place ??? Je dois dire que je serais bien incapable d’expliquer exactement ce qui s’est passé… ce que je n’ai pas caché à l’élève et ce qui l’a sans doute marqué. Mais le fait est, l’oreille a été sollicitée d’une manière différente et a réagi en devenant active. Et chose encore plus curieuse, ce moment-là a permis à l’élève de régler assez définitivement la majorité de ses problèmes aussi bien de rythme que de justesse. Je dois dire que cela me dépasse complètement !

Mais je ne peux que constater, pour l’avoir expérimenté, depuis, un certain nombre de fois, que le fait de laisser nos oreilles s’ouvrir ainsi, sans autre but que d’écouter tranquillement ce qui est autour, nous permet de nous réaligner, de retrouver une verticalité et donc un certain calme, et sans doute aussi une certaine cohérence dans nos gestes. Nos gestes et notre rythme, bien sûr, même combat…

Cela parait trop simple me direz-vous.. Mais on peut quand même essayer ….

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Les petits articles pédagogiques de Méandres Musicaux- N°19 : Les messages négatifs.

Nous avons facilement tendance à croire que nous n’avons pas acquis beaucoup de gestes réflexes avec notre instrument …

Par exemple, si ,comme je vous en ai déjà parlé, vous essayez, alors que votre bras démarre le long de votre corps, de mettre votre main gauche sur une note précise, dans une position précise, la plupart du temps vous êtes persuadé de ne pas y arriver ! Et ceci est encore plus vrai si vous êtes devant votre professeur…

De même, si l’on vous demande de fermer les yeux puis d’aller poser votre archet sur une de vos cordes sans regarder, vous pensez que vous ne saurez pas où est la corde…
Et pourtant, si vous vous centrez, vous allez réussir! Et ça marche à tous les coups !!

Il « suffit » de repousser le message négatif et de se mettre dans un état d’esprit qui « y croit », et cela fonctionne. Mais, comme c’est difficile de ne pas écouter cette petite voix pessimiste et dévalorisante. Il faut trouver une grande force pour rester dans le réel et l’objectif et simplement faire sans douter.

Il faut lutter de toutes ses forces contre ce discours persuasif qui nous dit que nous allons nous tromper…

Nous savons mais nous y croyons tellement peu que nous ratons…


Il faut faire les mini exercices ci-dessus encore et encore, jusqu’à ce que nous trouvions enfin le chemin pour repousser le discours pessimiste. De façon à être convaincu, preuves à l’appui, que nous savons faire beaucoup plus de choses que ce que nous croyons. Si je fais confiance à mon corps, il va faire ce que je lui demande.

La mémoire enregistre nos gestes bien plus que ce que nous pensons et ce n’est que notre manque de confiance en nous-mêmes, qui perturbe la communication entre notre demande et sa réalisation. La moitié du travail instrumental va souvent consister à être capable de ne plus écouter les injonctions à l’erreur.

Cela pourrait devenir un vœu pour cette année nouvelle !

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