Les Petits Articles Pédagogiques de Méandres Musicaux- N°38 :Des basiques pour finir l’année ?

Notre problème, lorsque nous commençons à travailler notre instrument, c’est que l’état que nosu devons atteindre pour que tout fonctionne doit être réveillé à chaque fois : il ne vient pas immédiatement. Nous devons retrouver le lien adéquat entre notre corps, le son, notre mental et notre violoncelle. Ce retour à une bonne centration étant, de plus, un peu différent chaque jour en fonction de nos préoccupations et de ce qui a occupé notre journée.

Rien n’est acquis, il faut sans cesse sur le métier remettre notre ouvrage…

Cette nécessité de retrouver un accord entre nous et notre instrument va donc commencer au moment de l’émission de la première note c’est à dire lorsque … nous nous accordons (comme cette expression tombe bien!) Ne nous préoccupons pas de la simple justesse de nos quintes mais prenons immédiatement soin de nous au travers de ces quintes.

Essayez de penser à la bienveillance que vous devez prodiguer au son qui va sortir de vos cordes. C’est une rencontre, comme un premier contact que vous feriez avec une personne avec le désir de créer une relation.

Je vous suggère pour ces premiers sons de penser à rentrer dans vos cordes « comme dans du beurre » de façon à éviter la dureté.

Posez-vous tout de suite des questions d’ordre générale : ce son vous dit-il quelque chose de beau ( ne vous occupez pas seulement de la « justesse » au niveau de sa hauteur) ? Se déploie-t-il dans l’espace ? Rentrez-vous gentiment (mais suffisamment fermement pour que son émission soit satisfaisante) dans les cordes ? Votre corps anticipe-t-il le mouvement qui va permettre une bonne intelligence entre votre instrument et vous ? Êtes-vous passif ou actif quant à ce que vous aimeriez entendre ? Êtes-vous curieux de ce que vous allez entendre ou seulement stressé par le fait qu’il va falloir décider si cette fichue quinte est juste ou non ? Êtes-vous suffisamment plastique ?

Faites ces quintes en tirant largement puis revenez au talon dans l’espace pendant la résonance du son en sentant bien que votre geste en tirant n’a pas été brusquement interrompu et qu’il a bien fini son trajet avant de revenir naturellement dans l’autre sens en surfant sur la résonance qui est encore là. ( Prenez exemple sur une balle que l’on lancerait en l’air : elle ne retombe que lorsque son mouvement vers le haut est achevé, avec presque une légère suspension avant de retomber. Il en est de même ici mais dans un mouvement horizontal.) Cherchez également à avoir un mouvement du corps associé à cette émission sonore : Voulez-vous que le son aille vers l’avant ? Vers le haut? Dans tout l’espace ?

Puis, commencez systématiquement par un petit temps qui servira à scanner l’ensemble de votre corps dans une chasse aux tensions.

Faites des croches en petits détachés à la corde sur une corde en sentant bien que votre mouvement du bras n’est pas heurté. C’est un mouvement perpétuel de droite à gauche et de gauche à droite. Les muscles du bras sont le plus lourd possible (ce qui ne veut pas dire nécessairement que le bras sera bas …). Comme si le bras était rempli de sable. Vous ne pousserez que lorsque le tiré sera fini et vous ne tirerez que lorsque le poussé sera fini. Et cela ne vous empêche nullement de décider d’un tempo et d’une longueur rigoureuse d’archet (quelques centimètres pas trop loin du talon). Votre bras (entre l’épaule et le coude) fait juste de petits allers-retours parfaitement réguliers par rapport au corps de votre instrument.
Pendant ce temps, vous observerez ce qui se passe plus haut dans votre corps : les épaules, les omoplates, le cou, le visage, le mental (dites lui de lâcher prise!!). Et également plus bas : les muscles du dos, la respiration, les côtes, les petits mouvements du bassin, les cuisses, les jambes, les pieds…

Vous pourrez ensuite compliquer un peu en refaisant la même chose mais sur 2 cordes : 2 croches en détaché legato toujours, sur chaque corde. Un moment en commençant en tirant puis réessayez en commençant en poussant. Le poids du bras ne varie absolument pas. Attention au mental ! C’est votre ennemi préféré ! Tenez-lui les rênes courtes pour qu’il ne se mette pas à paniquer ou à fulminer. Vous devez le dresser pour qu’il vous obéisse : il ne doit pas avoir de pensées négatives et doit rester apaisé.

Refaites ensuite le même exercice sur une corde avec une note autre qu’un corde à vide à la main gauche puis avec 2 notes qui se suivent. D’abord 2 croches pour chacune (Mi- Mi-FA- FA- Mi- Mi- Fa-Fa- Mi-Mi- FA-FA…) puis sans répéter (Mi- Fa- Mi- Fa- Mi- Fa ….). Commencer en tirant mais faites ensuite l’exercice en commençant en poussant puisque ça change tout.

Faites maintenant un pizz sur une note que vous allez vibrer. Écoutez bien. Votre doigt est posé, vous faites le pizz puis vous vibrez. Comment le son vibré se diffuse-t-il ? Comment remplit-il le corps du violoncelle ?

Pour trouver le geste du vibrato, vous pouvez faire sur une table le geste de gommer : observez les articulations des doigts et du poignet : elles sont solides. Il en est de même pour le vibrato. Soyez toujours dans un état de bienveillance avec votre touche et votre corde : Le doigt appuie dessus mais sans violence.

Voilà ! Si vous sentez que vous avez apprivoisé vos tensions, vous pouvez maintenant commencer à ouvrir votre monde sur vos partitions !


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