Mon expérience lors du Colloque à Nevers 25 -27 octobre 2013
J’ai participé à ce colloque en tant que violoncelliste-chanteuse -improvisatrice, bien que le sujet, en lui-même, ne soit pas musical : Il touchait les problèmes de notre société et de notre humanité. Son titre : « Ressources de l’Homme.Une terre d’avenir. L’art d’être vivants ensemble »…
Des conférences, philosophes, sociologues, artistes…des ateliers… entre lesquels j’intervenais en improvisant. Miguel Angel Estrella en conférence puis au piano le premier soir et dont je devais introduire le concert, toujours en improvisation, pendant que les spectateurs s’installaient dans la salle (quelle responsabilité!) …
Extrait du texte de présentation de la plaquette du colloque pour expliquer mon rôle dans ce colloque :
« Emmanuelle Vincent, violoncelle
Sa présence et celle de son violoncelle et de sa voix sont prévues tout au long du déroulement du colloque. Il était donc difficile de donner un moment précis pour les nombreuses interventions au cours des trois jours de ce Colloque-Forum des 25, 26, 27 octobre 2013.
Chaque morceau improvisé nous fera entrer dans la musique intérieure que nos présences à tous /intervenants et participants au colloque/ composeront ensemble selon les moments, tantôt pour que nous puissions devenir aptes à recevoir la parole d’un intervenant… ou pour permettre, après coup, de laisser cette même parole nous rejoindre jusqu’à appeler la nôtre.
Les harmoniques du violoncelle, portées par l’écoute et la sensibilité profonde d’Emmanuelle Vincent, offriront cet espace qui permet de nous reconnaître comme humains ensemble… Un espace qui donne le repos… et préside à la découverte des sources intérieures. La musique nous accompagnera pendant ces 3 jours, jusqu’à nous faire percevoir ces musiques intérieures qui habitent chacun de nous et nous invitent à entendre la beauté dont nous sommes capables ensemble. »
Mes impressions :
J’ai beaucoup aimé faire ces interventions tout le long du colloque. Cela m’a permis aussi d’aborder un nouveau niveau de compréhension de l’improvisation. oui, cette forme d’improvisation, qui tient juste compte de ce qui est présent à l’instant où l’on joue, peut être entendue par des personnes non averties : elle a un sens en elle-même. Il ne faut pas forcément l’avoir pratiquée soi-même pour être touchée par elle. Elle touche, et c’est tout. Tout au long de ces journées, beaucoup des personnes présentes (n’ayant souvent que peu de lien avec la musique, voire aucun) sont venues me dire individuellement combien elles l’étaient et combien cela leur faisait du bien.
En essayant de me mettre moi-même en équilibre face à ce qui se passe autour, en cherchant à le faire en lien avec ma plus grande authenticité possible (dans la mesure de mes moyens…) et sans chercher à persuader ou à analyser ce qui se passe en moi, je peux aider un peu, via mon violoncelle et ma voix, les personnes présentes à, elles aussi, se recentrer… Ce n’est pas tout à fait simplement de la musique, pas tout à fait simplement du violoncelle, c’est … un lien…
Et pour moi, c’est le but essentiel recherché. Je n’improvisais pas pour improviser, je n’étais pas là pour montrer ou pour démontrer quelque chose ou pour faire étalage de mon savoir musical. J’étais là pour me mettre en contact avec mon état d’âme du moment (soit en lien avec la salle soit en lien avec ce qui venait de se dire et de se vivre, ou les deux, évidemment) et après avoir trouvé dans mes propres émotions l’amorce du fil conducteur, simplement me laisser porter par les sons en sachant que je pouvais leur faire confiance pour me conduire quelque part : vers plus de sérénité, vers du calme, vers de la densité si j’en avais besoin…. Et ceci en proposant au public d’aller avec moi sur ce petit bout de route… Le sens n’avait pas besoin d’être précis, il s’agissait plutôt de quelque chose d’intuitif et de non analysé…
Cette forme musicale me semble avoir un sens humain que je cherche depuis longtemps.
Il me semble que ce travail d’improvisation après les conférences servait peut-être à ramener les auditeurs vers la conscience que tout sujet abordé ne peut être réduit à des mots et des concepts, aussi subtils soient-ils, et que l’humain doit agir au milieu d’un nombre incroyable de dimensions différentes (que l’on ressent facilement dans la musique) parce que toute situation possède un grand nombre de niveaux, de strates de conscience. J’ai remarqué après coup que mes improvisations étaient d’une grande simplicité et cela m’a plu.
Un retour du colloque par Maryse Laval, l’organisatrice :
Ta musique nous restituait, à l’état premier, ces bouleversements intérieurs qui oscillent très rapidement de la lumière à l’obscur et vice et versa, des turbulences aux eaux calmes et apaisées, des cassures et éclatements aux réunifications les plus imprévues, de ruptures en tendresses, des eaux glaciales aux printemps réparateurs…. et cette voix humaine qui appelle à être au plus fort de la naissance, à chaque instant, portant chaque pas de commencement en commencement…