Les Petits Articles de Méandres Musicaux – N°31 : le minimalisme.

Etudions un peu la souplesse de notre main droite. Très souvent, le message qui a été enregistré concernant la manière de faire de bonnes tournes d’archet est celui-ci : « il faut FAIRE BOUGER les doigts de cette main et le poignet». Mais si on y réfléchit, bien sûr que non. Si vous demandez à vos doigts et à votre poignet de BOUGER quand l’archet tourne, surtout sans préciser dans quel axe vous voulez qu’ils le fassent, ils vont avoir tendance à entraîner la baguette dans tous les sens ce qui empêchera la corde de vibrer avec régularité.

Au contraire les doigts et le poignet doivent d’abord avoir pour tâche de trouver le plus minuscule geste possible qui permettra de rester dans l’axe.

Pour cela : Tendez votre index gauche au bout de votre bras pour « montrer du doigt» (ce qui ne se fait pas, comme nous le savons!) Puis ramenez votre avant-bras devant vous dans l’axe qui serait celui de l’archet (parallèle au corps ).

Installez votre main droite sur l’index gauche qui va devenir le remplaçant de la baguette. Tous les doigts bien à leurs places : cela loge juste, normalement. Imaginez où serait la mèche pour bien mettre les doigts dans le bon enfoncement par rapport à l’index/baguette (le bout du majeur toucherait cette mèche, par exemple).

La main et le bras gauche ne vont plus bouger à partir de maintenant.

Nous allons essayer de trouver le mouvement du bras droit (qui peut partir du milieu de l’avant-bras, par exemple) le plus efficace possible qui permettrait de commencer à tirer et retour. L’idée est que ce mouvement du bras aille se répercuter, immédiatement, et sans perte de mouvement, dans la main droite et surtout dans l’index de la main droite.


Le début du mouvement du bras et sa répercussion sur les doigts doivent être tout à fait synchronisés : Votre efficacité doit être immédiate. Il n’est pas question que le bras soit obligé de se déplacer de 3 centimètres avant que la main droite en prenne conscience. Nous ne pouvons pas nous autoriser cette perte de rendement. Elle déstabilise beaucoup trop l’ensemble. (Imaginez une locomotive qui serait obligée de se déplacer de 10 mètres avant que le premier wagon commence à bouger!)

Tirez bien (avec l’idée que cela déplacerait l’archet d’un demi centimètre, pas plus) exactement dans le plan de votre main droite, à votre droite, et retour. Le poignet ne se déforme pas. Aucune articulation ne donne du mou. De l’extérieur, ce mouvement du bras est presque imperceptible mais pour vos doigts de la main droite, et particulièrement pour votre index, la sensation doit être puissante. En fait seule votre peau va un peu rouler, horizontalement, très fluidement. Et retour. Tout ceci est complètement pneumatique.

Ne serrez pas du tout vos doigts contre votre « baguette/index gauche ». A chaque nouveau mouvement tirer/retour , desserrez un peu plus la pression de vos doigts : ce n’est pas cela qui doit provoquer cette puissance mais le fait de faire le plus petit mouvement utile possible et d’être bien en contact avec votre « baguette/index gauche ».

De même ce n’est pas parce que vos articulations ne vont pas bouger qu’elles doivent serrer….

Travaillez ensuite de la même façon le mouvement du poussé. Cette fois-ci le bras droit va agir sur le petit doigt en premier. Et de la même façon vous allez sentir l’élasticité du mouvement.

L’étape suivante sera de remplacer votre index gauche par votre archet, de poser celui-ci sur la corde et de le retenir avec la main gauche pour qu’il ne bouge pas. Vous devez ressentir la même élasticité dans vos doigts : c’est votre peau qui se déplace un peu contre la baguette. C’est tout ! Cela suffit pour que votre mouvement de tourne de l’archet soit exact. Vos doigts restent à peu près perpendiculaires à la baguette. Ils n’ont pas du tout de mouvement d’essuie-glace dans leurs deux dernières phalanges.

Cela ne veut pas dire que vos articulations ne vont jamais être utilisées, bien sûr, mais la base du mouvement est celle-ci. Ensuite, selon vos envies musicales et une fois que ce geste sera intégré, vous pourrez prendre de la liberté tout en conservant votre axe.

Il faut maintenant essayer en jouant. Ce qui va remplace la résistance de la main gauche qui empêchait précédemment l’archet de se déplacer c’est le lien que vous avez avec votre corde. La résistance que vous mettez en jeu, justement… Ni trop, ni trop peu, bien sûr !

La souplesse que nous désirons tant n’a rien à voir avec un Malabar que l’on tire hors de sa bouche ! Ce qu’il nous faut, c’est juste de la plasticité. De l’extérieur, si l’on regarde un instrumentiste et son archet, on voit le système de la main et du poignet bouger mais en fait, il « est bougé ».

Méandres Musicaux

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