2. L’improvisation, ça sert à quoi ?

Improviser (c’est à dire jouer sans texte une musique qui commence en soi) fait prendre plus clairement conscience de la nécessité d’évolution  d’un certain nombre de qualités de jeu et de qualités personnelles : présence, couleur des sons,  qualité d’écoute de soi, écoute intérieure,  ressenti, conscience des sensations physiques, qualité du geste, imaginaire, investissement, maîtrise de l’énergie, compréhension de l’espace, présence scénique, esprit critique, mémoire, connaissance de son instrument,  justesse, diversité…
En jouant seul, nous nous comporterons en chercheur, en explorateur. Il faudra aller à la découverte du son – des sons- de notre instrument dans ses états les plus secrets et les plus profonds. Il faudra entrer en relation   avec  nos réactions face à ces sons et ces ambiances que nous créons. Avec nos émotions aussi. Nous apprendrons à maîtriser ces réactions et  ces émotions, non pas dans le but de les asphyxier mais, au contraire, pour leur donner de  l’ampleur et de la force sans être pour autant submergé.  Nous serons au service de ce qui est en train de se produire et nous ne devrons rien empêcher, ni à cause de l’inattention, ni à cause de la peur d’aller vers l’inconnu, ni à cause de nos schémas préétablis.
C’est difficile ! Surtout quand, en tant que musicien interprète de textes écrits, nous avons l’habitude d’être sur un sentier bien balisé dans lequel notre initiative de choix du contenu est nulle puisque le texte n’est pas le nôtre…

Avertissements par rapport au matériel vidéo et audio

Ces enregistrements, reflets, sans aucune exception, de créations spontanées et éphémères qui ont eu lieu pendant la dernière soirée de différents stages de ces dernières années, correspondent à des improvisations « libres » et ne sont donc pas des morceaux reposant sur un système de grilles ou de consignes posées à l’avance entre les protagonistes. Ce ne sont bien évidemment pas des « produits finis » mais seulement des témoignages de ce qui peut surgir de ces moments de partage. Nous ne savons pas, au moment où nous commencerons à jouer, ce qui va être produit et où vont nous conduire nos premières notes. Nous ne savons d’ailleurs pas quelles vont être ces premières notes…Rien n’a été décidé à l’avance. Nous allons nous centrer, écouter et dérouler notre fil en nous appuyant les uns sur les autres pour créer une œuvre éphémère, certes, mais (et ceci est notre but) sensée.
Etant donné cette (énorme !!) difficulté, chaque prestation contient un certain nombre d’imperfections, inhérentes au danger de ce travail « sans filet » et qui correspondent à des temps de recherche, « d’erreurs » de compréhension de l’autre etc.
D’autre part cette musique, crée dans l’instant, perd une partie de son sens dans les enregistrements : le lien avec le public ne se ressent évidemment pas, or, il est capital dans ce genre de pratique : le public est partie prenante, beaucoup plus actif que dans un concert normal, et ceux qui sont sur la scène en profitent et sont aidé par cette attention particulière.
Enfin, ces enregistrements témoignent de QUELQUES façons de jouer parmi tant d’autres : chaque musicien apporte sa propre couleur musicale et le résultat des échanges est bien sûr toujours différent.

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En improvisation, l’un des buts est de laisser surgir  le désir qui vibre au fond de soi : quelle est MA musique à l’instant présent et dans le contexte présent ?

A plusieurs, l’enjeu sera encore plus vaste: le choix de notre rôle dans le groupe  va être déterminant et nous poser bien des problèmes !!! Quelle va être notre place ? Quand et pourquoi allons-nous prendre une position de soliste, d’accompagnant, de continuo ? De meneur ou de suiveur ? Quand va-t-il falloir que nous changions de rôle ? Est-ce que nous écoutons suffisamment chacun des exécutants ? Est-ce que nous sommes assez  souples, lorsque nous  lançons une idée, pour  pouvoir accueillir toutes les réponses de nos acolytes, même celles que nous  n’aurions  pas imaginées, et rebondir nous-mêmes dessus ?
Sommes-nous également capables  d’estimer ce qui fait défaut dans l’instant : est-ce que la musique tourne sur elle-même ? Est-ce qu’il y a trop de texte ? A-t-on été au bout de l’idée et sait-on la quitter au bon moment ? Faut-il créer plus de fougue, un moment calme, plus de rythme, plus d’intériorité  … ? Faut-il être en opposition, en miroir, en réponse ? En harmonie, en dissonance  … ?  Est-ce que l’ensemble a un sens dans le temps aussi bien que dans l’instant ?

Tout cela sans quitter notre état de centration, indispensable pour « qu’il se passe vraiment quelque chose », sans se perdre dans l’écoute de l’autre, ou dans l’attention à l’autre, au détriment de notre propre sensation et de notre présence à nous-mêmes… L’alchimie est extrêmement délicate : il y a la musique en création, les autres, soi, et l’ensemble doit trouver un équilibre parfait pour que le vivant circule sans discontinuer et que le sens et la présence soient perceptibles même si le contenu ne fait pas partie des références habituelles.

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Beaucoup d’adultes sont attirés par l’apprentissage d’un instrument à cordes mais estiment qu’ils n’en seront pas capables : trop vieux, trop difficile… Pourtant cette approche par l’improvisation -que l’on joue des notes extrêmement simples et épurées ou que l’on soit dans un jeu demandant plus de technique et de connaissance- permet d’être immédiatement en contact avec la richesse de l’instrument et de la musique dans sa compréhension la plus fine. La recherche du contenu du son, de ce qu’il doit porter et transmettre par notre intermédiaire, oblige à être ici, tout entier, quoi que l’on fasse. C’est cette recherche de l’authentique qui va être perçue rapidement comme indispensable pour apporter de la satisfaction. L’improvisation ne demande donc pas nécessairement de la dextérité mais par contre elle oblige à la présence et… que serait donc la musique sans la présence ?

< L’improvisation, c’est quoi ?

Avertissements par rapport au matériel vidéo et audio

Ces enregistrements, reflets, sans aucune exception, de créations spontanées et éphémères qui ont eu lieu pendant la dernière soirée de différents stages de ces dernières années, correspondent à des improvisations « libres » et ne sont donc pas des morceaux reposant sur un système de grilles ou de consignes posées à l’avance entre les protagonistes. Ce ne sont bien évidemment pas des « produits finis » mais seulement des témoignages de ce qui peut surgir de ces moments de partage. Nous ne savons pas, au moment où nous commencerons à jouer, ce qui va être produit et où vont nous conduire nos premières notes. Nous ne savons d’ailleurs pas quelles vont être ces premières notes…Rien n’a été décidé à l’avance. Nous allons nous centrer, écouter et dérouler notre fil en nous appuyant les uns sur les autres pour créer une œuvre éphémère, certes, mais (et ceci est notre but) sensée.
Etant donné cette (énorme !!) difficulté, chaque prestation contient un certain nombre d’imperfections, inhérentes au danger de ce travail « sans filet » et qui correspondent à des temps de recherche, « d’erreurs » de compréhension de l’autre etc.
D’autre part cette musique, crée dans l’instant, perd une partie de son sens dans les enregistrements : le lien avec le public ne se ressent évidemment pas, or, il est capital dans ce genre de pratique : le public est partie prenante, beaucoup plus actif que dans un concert normal, et ceux qui sont sur la scène en profitent et sont aidé par cette attention particulière.
Enfin, ces enregistrements témoignent de QUELQUES façons de jouer parmi tant d’autres : chaque musicien apporte sa propre couleur musicale et le résultat des échanges est bien sûr toujours différent.

L’improvisation, pourquoi ? >