Nos oreilles sont souvent assez paresseuses et se contentent la plupart du temps de ne nous informer que de ce que nous attendions sans être suffisamment curieuses de ce qu’elles peuvent nous faire entendre réellement.
Essayons un petit exercice qui leur donnera peut-être l’envie d’être davantage « à l’écoute » :
Plaçons notre premier doigt au tout début d’une de nos cordes et glissons le plus lentement possible, en appuyant a minima, jusqu’au plus près du chevalet.
Il faudra déjà, dans un premier temps apprendre à gérer l’action différente de nos 2 mains. La main gauche va le plus lentement possible et sans appuyer sur la corde et notre main d’archet va vouloir faire la même chose alors que son rôle est de trouver la BONNE vitesse pour que le son puisse se développer. Elle voudra rendre l’archet très léger, alors que son rôle est de lui faire trouver le BON appui sur la corde pour que le son puisse se déployer.
Ceci est le premier travail…
Maintenant, en glissant, nous distinguons d’abord un certain nombre d’harmoniques qui vont apparaître tout au long de la corde. Certaines que nous connaissons bien, d’autres que nous ne pratiquons pas beaucoup. Je serais prête à parier que vous allez déplacer votre main gauche de note harmonique en note harmonique ! Mais… si vous preniez le temps d’écouter ce qui se passe ENTRE elles? Il y a bien du SON entre ces harmoniques ? Certes, pas vraiment des notes, mais pourquoi éliminer toute cette richesse que votre instrument vous donne ? Vous allez distinguer peu à peu, des sons troublés, des sortes de doubles harmoniques, des chuchotements, des souffles, des bruits de cailloux qui roulent, des presque riens mais qui sont là … Cela donne envie de s’attarder de plus en plus et d’écouter toute ce langage que le violoncelle nous propose.
D’une corde à l’autre, les mondes à découvrir seront d’ailleurs différents, la personnalité du La, du Ré, du Sol et du Do plus distincte.
Vos oreilles vont, je l’espère, s’émerveiller de tout ce qui leur était encore inconnu. Cela enrichira également par la suite vos « beaux sons » parce que vous serez plus attentif au moindre petit détail que vous ne distinguiez pas auparavant et que vous pourrez alors développer.
Et puis, cela oblige à prendre son temps, ce qui est toujours une bonne chose…