Je fais une note, ouf, elle est juste mais… et après ?
Quelles sortes de résonances choisir ? Quelle est sa couleur ? Que transmet-elle ? Comment commence-t-elle ? Comment finit-elle ? Comment va-t-elle jusqu’à la note suivante ? Comment est mon corps à chaque milliseconde de cette note ? comment est ma respiration ?
Bref, toutes ces questions qui font que la justesse n’est en fait qu’une toute petite partie de cette note.. et de la suivante, et de celle qui suivra ensuite. Et pourtant, souvent, mon projet ne s’arrête-t-il pas à cette seule ambition de jouer juste ? Alors que le sens que je veux révéler au travers de ma musique est bien dans tous les autres paramètres. Il ne faut pas les oublier et c’est pourtant si vite fait tant cette justesse (indispensable!) nous prend d’énergie et de concentration.
Ne nous faisons pas d’illusion : nous aurons du mal à tout maîtriser. Ou plutôt, nous n’arriverons PAS à tout maîtriser… Alors, patience et humilité. Nous ferons ce que nous pourrons avec des moments de grâce et d’autres de frustration. Mais nous saurons que la finalité de la note n’est pas uniquement dans sa justesse. Et c’est déjà une bonne prise de conscience.
Il faut prendre le temps de jouer chaque note jusqu’à ce qu’elle ressemble à ce que nous désirons. C’est dans ce temps, dédié avec bienveillance à chaque note, que nous progresserons. Le processus est le même que dans la parole : un mot difficile doit être dit distinctement et demande plus d’attention et de lenteur , sinon il restera incompréhensible.
Et peut-être que si nous réussissons le plus souvent possible (c’est à dire, sans doute, pendant longtemps : seulement de temps en temps, parce qu’il est difficile d’être très attentif et disponible) à repenser aux petits cristaux des oreilles de l’article précédent, quelque chose de nouveau se produira ?