Une raideur physique est bien sûr préjudiciable pour le jeu instrumental. Elle est également désagréable à regarder. Par contre, dès qu’un léger bruissement apparaît, de façon globale dans le corps, le ressenti est tout autre.. La musique est plus vivante et, en tant qu’auditeur, on a l’impression de pouvoir mieux s’y couler, de mieux faire le lien aussi avec le musicien. C’est exactement comme si la personne en train de jouer recommençait à respirer (ce qui est d’ailleurs peut-être le cas!)
Nous n’allons bien sûr pas « bouger » pour bouger mais faire la chasse à la fixité est important. Sentir tous les micro-mouvements qui nous habitent nous aide dans notre jeu.
Nous savons que l’oreille est un organe complexe. Elle se compose de l’oreille externe, qui capte les sons mais, aussi, de l’oreille moyenne et de l’oreille interne. Une partie de l’oreille interne est l’organe de l’audition et l’autre celle de l’équilibre. Donc, l’oreille ne nous sert pas seulement à entendre mais a un grand rôle dans notre équilibre et notre posture. Voilà qui va bien nous intéresser !
Voyageons un instant là-dedans :
L’oreille externe capte les ondes sonores puis, dans l’oreille moyenne, juste derrière le tympan, les 3 petits osselets, le marteau, l’enclume et l’étrier, sont chargés de véhiculer les vibrations sonores venant du tympan vers l’organe de l’audition situé dans l’oreille interne. L’organe de l’équilibre, le vestibule, est lui aussi situé dans l’oreille interne. Dans ce vestibule, et selon les mouvements de notre tête, de minuscules petits cristaux se déplacent dans une matière gélatineuse et donnent des informations à des cellules ciliées qui tapissent cette région. Le cerveau est ainsi informé des mouvements et de la position de notre corps.
Un nerf relie ensuite l’oreille interne au cerveau et lui transmet donc des signaux sonores et des signaux liés à l’équilibre.
Bref, dans notre oreille, beaucoup de choses vibrent et bougent.
Je vous propose donc une petite expérience :
Pendant que vous jouez, pensez à votre oreille interne (située dans les os temporaux) et essayez d’avoir la sensation (ou l’imagination de la sensation, peu importe) que plein de petites choses bougent dans cet espace et ne doivent pas s’arrêter de bouger. Cela va sans doute créer de minuscules mouvements dans votre tête et votre cou et avoir des répercutions ailleurs.
Le résultat peut-être assez spectaculaire.
En ce qui me concerne, je ressens cela comme très sécurisant et je constate que mes mouvements, et donc ma musique, sont beaucoup plus fluides et cohérents lorsque je me connecte à cela…
Avoir de l’oreille est donc encore plus complexe que ce que l’on pensait ! Cela ne va pas arranger nos affaires !