Choisissez une note sur une corde en évitant de faire une corde à vide. Choisissez bien sûr également quelle sonorité vous désirez. Ce n’est ni le violoncelle ni l’archet qui peuvent faire ce choix, c’est vous !
Puis cherchez exactement les MEMES QUALITÉS de son sur la même corde dans une autre position avec une autre note.
Ces qualités consistent en votre choix de grain, la profondeur du son, sa couleur, l’émotion, le sentiment et les sensations que ce son est capable de procurer : il faudra donc prendre les mêmes choix sur la première et la deuxième note.
Maintenant essayez une nouvelle note, toujours avec les mêmes qualités, mais cette fois-ci sur une autre corde. Notre problème est que pour provoquer les mêmes effets, on ne doit pas forcément faire la même chose. Ce n’est pas la constance du geste que l’on cherche mais celle du son. Et pour avoir un résultat identique, il faut forcément changer son appui, sa vitesse d’archet….
On peut faire cet exercice avec un son très riche/ très épuré/ presque soufflé..
Essayez ensuite de garder ce principe sur une gamme : il faudra garder la même qualité quand on change de corde… de position… de sens d’archet…
Une fois capable de maintenir une constante de son il va falloir également, et sans perdre son idée première, ajouter des nuances. La phrase doit aussi pouvoir évoluer jusqu’à se transformer progressivement mais avec cohérence, en sachant à quelle vitesse elle progresse et vers où.
On peut remarquer que dès que l’intention perd sa stabilité (lors des tournes d’archet, ou des changements de position ou de cordes) lorsqu’elle se dégonfle à chaque difficulté, le discours n’est plus cohérent. Il perd toute énergie. Il manque de ce fil qui fait que l’on s’intéresse, qui fait que l’attention et la tension ne se relâche pas, ni de votre côté, ni du côté de l’auditeur.
Pour vous qui jouez, ce manque de constance dans le son ( ce qui ne veut pas dire que l’on ne fait pas de nuances !) entraîne aussi une dépense d’énergie considérable puisque vous devez sans cesse reprendre votre élan, sans cesse remettre l’ouvrage sur la table et tout recommencer. Vous n’êtes plus portée.
Si vous n’êtes plus portée, vous n’êtes rapidement plus intéressée non plus, malheureusement… Mais si vous trouvez ce fil qui ne rompt pas, alors le plaisir devient intense aussi bien pour vous qui jouez que pour celui qui vous écoute. Vous savez, et il sait, ce que vous êtes en train de faire et où vous voulez aller, coûte que coûte.