Je suis toujours surprise par la capacité de nos oreilles à nous aider face aux problèmes de rythme…
Je donnerai deux exemples :
Il y a quelques années, j’avais une élève qui avait réellement de grandes difficultés à suivre une pulsation, même sur un morceau très simple avec juste des noires et des croches, et alors qu’elle avait déjà quelque chose comme 5 ans d’étude derrière elle. Nous avions beau chanter, battre la mesure, bouger, mimer, danser.. rien ne faisait progresser la chose : la stabilité était parfaitement absente.
Pendant un cours, je lui ai proposé de prendre 2 minutes pour simplement écouter les bruits et les sons du Conservatoire (et Dieu sait qu’il y en a!) autour d’elle. Ensuite nous avons repris le morceau que nous travaillions et… la pulsation était stable ! Cela n’a certes pas tenu plus que le temps du cours mais malgré tout…..
Avec un autre élève, même problème, avec de la technique d’archet et un métronome, impossible de se caler avec celui-ci. Comme si l’oreille n’avait pas la possibilité de l’entendre et d’en tenir compte. J’ai eu l’idée d’approcher le métronome d’une de ses oreilles pendant qu’il refaisait l’exercice: rien n’a changé. Puis de l’autre oreille.. Et là, miracle, tout s’est mis en place ??? Je dois dire que je serais bien incapable d’expliquer exactement ce qui s’est passé… ce que je n’ai pas caché à l’élève et ce qui l’a sans doute marqué. Mais le fait est, l’oreille a été sollicitée d’une manière différente et a réagi en devenant active. Et chose encore plus curieuse, ce moment-là a permis à l’élève de régler assez définitivement la majorité de ses problèmes aussi bien de rythme que de justesse. Je dois dire que cela me dépasse complètement !
Mais je ne peux que constater, pour l’avoir expérimenté, depuis, un certain nombre de fois, que le fait de laisser nos oreilles s’ouvrir ainsi, sans autre but que d’écouter tranquillement ce qui est autour, nous permet de nous réaligner, de retrouver une verticalité et donc un certain calme, et sans doute aussi une certaine cohérence dans nos gestes. Nos gestes et notre rythme, bien sûr, même combat…
Cela parait trop simple me direz-vous.. Mais on peut quand même essayer ….