Lorsque nous jouons de notre instrument, notre archet fait d’une certaine façon du sur-place puisqu’il a une longueur donnée et qu’il ne peut que tirer ou pousser entre talon et pointe.
Nous avons pourtant besoin de sentir que la phrase a une trajectoire bien plus longue que les 70 centimètres qui nous sont concédés !
Pour vivre la phrase dans tout son développement, notre corps dans son entier, sans le percevoir réduit aux mouvements de nos deux bras, est un partenaire indispensable qui peut contrecarrer cette éventuelle sensation de réduction de l’espace. Nous pouvons agir intérieurement pour que la courbe de la phrase, sa direction, son intensité, sa dynamique soient vécues de l’intérieur dans des dimensions très vastes. Et nous devons également laisser notre corps s’engager pour soutenir notre objectif. Le buste, dans des mouvements condensés, sera bien sûr très présent. Il entraînera le bassin, les jambes, les pieds… Tout ceci nous donnera un axe très important pour soutenir notre phrasé … dans les 3 dimensions et sans retenue.
Je trouve qu’une belle illustration de ce phénomène de vécus d’élans musicaux dans le corps se retrouve dans les peintures de Fabienne Verdier que je vous conseille vivement de consulter. On y trouve une vitalité dans l’espace qui s’allie au temps et n’est ce pas ce que nous devons chercher à faire avec la musique ?