L’improvisation instrumentale dont il va être question ici peut se nommer « improvisation libre » dans la mesure où elle ne fait pas référence à un genre musical ou un autre, où elle ne repose pas sur un principe de grilles. Elle consiste en une recherche de l’authenticité, de la mise en sons et en sens de ce qu’on a dans la tête, dans le corps, dans l’émotion et dans les doigts à l’instant où l’on joue.
Avertissements par rapport au matériel vidéo et audio
Ces enregistrements, reflets, sans aucune exception, de créations spontanées et éphémères qui ont eu lieu pendant la dernière soirée de différents stages de ces dernières années, correspondent à des improvisations « libres » et ne sont donc pas des morceaux reposant sur un système de grilles ou de consignes posées à l’avance entre les protagonistes. Ce ne sont bien évidemment pas des « produits finis » mais seulement des témoignages de ce qui peut surgir de ces moments de partage. Nous ne savons pas, au moment où nous commencerons à jouer, ce qui va être produit et où vont nous conduire nos premières notes. Nous ne savons d’ailleurs pas quelles vont être ces premières notes…Rien n’a été décidé à l’avance. Nous allons nous centrer, écouter et dérouler notre fil en nous appuyant les uns sur les autres pour créer une œuvre éphémère, certes, mais (et ceci est notre but) sensée.
Etant donné cette (énorme !!) difficulté, chaque prestation contient un certain nombre d’imperfections, inhérentes au danger de ce travail « sans filet » et qui correspondent à des temps de recherche, « d’erreurs » de compréhension de l’autre etc.
D’autre part cette musique, crée dans l’instant, perd une partie de son sens dans les enregistrements : le lien avec le public ne se ressent évidemment pas, or, il est capital dans ce genre de pratique : le public est partie prenante, beaucoup plus actif que dans un concert normal, et ceux qui sont sur la scène en profitent et sont aidé par cette attention particulière.
Enfin, ces enregistrements témoignent de QUELQUES façons de jouer parmi tant d’autres : chaque musicien apporte sa propre couleur musicale et le résultat des échanges est bien sûr toujours différent.
Le discours que je tiendrai sera forcément emprunt du fait que je suis violoncelliste car, même si les lois de l’improvisation sont communes à tous les instruments, on peut constater que jouer de l’un ou de l’autre donne certaines spécificités et aura donc une influence sur nos inclinaisons et nos envies …
Ce ne sont pas forcément de grandes connaissances musicales ou une haute technique qui vont nous permettre de rentrer facilement dans ce mode de jeu (souvent, même, elles vont nous gêner !) mais notre capacité à nous centrer pour nous mettre à l’écoute de ce qui est produit et en tirer un sens et une intensité.
L’improvisation c’est un peu s’oublier pour mieux se trouver…