Le son, le son, le son !!
Cherchons aujourd’hui à être efficace pour trouver cette sonorité sur notre violoncelle, pleine et ronde, quelle que soit sa puissance, qui nous touche lorsque nous l’entendons ou lorsque nous la pétrissons …
Un petit rappel : le son se fabrique avec plusieurs éléments :
- la place de votre archet entre touche et chevalet
- Le poids que vous mettez sur la corde
- La vitesse (donc la longueur d’archet ) que vous utilisez
- la place de l’archet entre le talon et la pointe
Ces différents éléments sont sans arrêt en adaptation les uns par rapport aux autres pour que l’équilibre se trouve : Si vous ne jouez que des noires et que vous voulez toujours garder un son égal alors qu’à un moment votre archet doit prendre plus de longueur, vous allez être dans l’obligation de changer votre poids sur la corde . De même, si , toujours en noires, vous voulez jouer plus près du chevalet ou plus près de la touche, vous serez dans l’obligation de changer votre poids et votre vitesse.
Si vous voulez jouer ces mêmes noires au talon ou à la pointe votre poids devra être différent.
Si vous voulez jouer une note du talon à la pointe, votre poids sur la corde doit sans arrêt évoluer pour que votre son reste égal…
Nous devons chercher une constance dans notre son (Étant bien entendu que même si je change de nuances, cette constance, cette particularité de mon son, doit être présente.) mais cela ne veut pas dire que nous pouvons avoir une vitesse d’archet standard ou une longueur d’archet standard (attention ! L’archet a une grande propension à vouloir systématiquement revenir au talon en poussant …), bien au contraire. La constance du son est due à notre capacité d’adaptation et non à notre invariabilité.
Travaillons pour mieux saisir cela :
- Sur une corde à vide, celle de Sol par exemple, installez votre archet très près du chevalet, à la frontière du possible pour que l’archet puisse aller saisir les graves de votre corde. Et maintenant jouez du talon à la pointe et de la pointe au talon, sans vous arrêter, avec un archet qui va le plus lentement possible. (vraiment le plus lentement possible : là aussi, essayez d’aller au plus près de l’irréalisable!) Cela vous fait 2 contraintes et le seul élément sur lequel vous restez libre est le poids de votre corps sur la corde par l’intermédiaire de l’archet. Vous allez vite sentir et entendre que celui-ci, si vous cherchez un son qui soit plein et sans parasites, doit être important, voire très important. On frôle l’impossible !! Mais par contre, lorsque vous allez trouver le bon mixage de ces éléments (sans tricher : gardez l’archet près du chevalet ! ) votre son sera extrêmement dense et impressionnant. Vous êtes en contact avec toute la puissance de votre instrument et imprégnez-vous bien de cela : même lorsque vous jouerez avec un son moins extrême, la qualité que vous entendez là devra être présente. Bien sûr (parce que c’est évident, n’est-ce pas!) votre archet restera toujours bien perpendiculaire à la corde…
La difficulté sera bien sûr, physiquement, de trouver comment abandonner le poids de votre corps dans votre archet jusqu’au contact de celui-ci avec la corde. Il ne s’agit pas d’appuyer avec la main ou le bras mais de faire tomber le poids de l’ensemble du corps au bon endroit. Cela ne doit pas être fatigant. C’est votre buste, au niveau de l’articulation du bassin, (et non pas seulement la tête qui va vers l’avant, ce qui n’a aucune efficacité : faites attention !) qui se laisse aller dans le violoncelle, un peu comme si vous vouliez faire rentrer la pique dans le violoncelle. Vous devez sentir que vos pieds, surtout au niveau des orteils, deviennent plus lourds dans le sol de ce fait. La main n’est pas tendue mais par contre elle doit laisser passer toute la masse du poids sans s’affaisser. C’est un équilibre délicat entre grande souplesse et solidité (comme d’habitude!!). Et, n’oubliez pas que des micros-mouvements doivent toujours être présent pour que le corps ne se fige pas (si vous êtes dans une position trop fixe « d’abandon », vous allez rapidement ne sentir que l’impression de fixité et plus du tout celle d’abandon !) donc votre corps, même s’il doit sentir qu’il se pose dans le violoncelle, doit pouvoir aller un peu à droite, un peu à gauche, un peu en avant un peu en arrière, pour que le son, et vous, restiez vivants. De toute façon, puisque vous allez vers la pointe ou vers le talon, le poids va varier sur l’archet pour avoir un son constant donc votre corps va écouter et s’adapter aussi. De toute façon aussi, vous voulez certainement que votre son ne ressemble pas à un son de machine donc vous allez lui donner du contenu, des petits effets qui le rendront vivant… Et de toute façon encore, si vous respirez, il y aura déjà des micros-mouvements. Respirez comme une vague qui déferle ou se prépare à déferler. Écoutez, écoutez, écoutez : c’est le son qui vous guide et qui vous instruit pour que vous ne soyez pas submergé par toutes ces exigences.
- Le 2e exercice consiste à jouer sur cette même corde avec l’archet tout près de la touche, à nouveau du talon à la pointe et de la pointe au talon, avec une vitesse très lente et à trouver un son qui garde un beau timbre, pas trop de souffle dans le son, et beaucoup d’harmoniques graves. Le son sera intime ou comme sur le qui-vive. Ici encore, c’est avec le poids que vous allez pouvoir trouver la solution: il faudra que l’archet soit aussi léger qu’une plume. Physiquement, c’est bien plus fatigant que de jouer un forte car il faut enlever du poids et donc laisser le bras un peu suspendu. Pas seulement la main, mais bien le bras. La main, elle, tient l’archet bien plus fermement que dans l’exercice précédent pour que le poids ne passe pas trop dans l’archet. Au talon, c’est presque un défi : il faut encore enlever du poids (peut-être relever un peu plus le poignet) ! Bref, à nouveau nous nous trouvons avec des paradoxes : le son est très fin mais l’effort est assez grand. Le son est comme une plume mais la main est assez ferme. Le son doit donner l’impression qu’il est parfaitement aisé mais pour le façonner notre vigilance doit être absolument totale …
D’autre part vous ne pourrez pas réussir à faire une tourne d’archet correcte sans vous aider vraiment beaucoup avec le mouvement du corps. Et la respiration est, là aussi, absolument primordiale pour rester dans un (relatif) confort. - Un petit bonus : reprenez le premier exercice avec l’archet tout près du chevalet et faites un mib sur la corde de Sol en 4e position: puis, quand votre son est bien ample et dense, rajoutez du vibrato : cherchez à trouver le vibrato qui va bien s’entendre. Donc sa bonne vitesse, sa bonne amplitude. Mariez la vibration de la corde avec la vibration de la note. Trouvez ce qui vous convient le mieux.
Votre doigt de la main gauche doit également être profondément pesant dans la corde. N’oubliez pas que c’est l’archet et votre bras droit qui incite la main gauche (et le bras gauche) à trouver son mouvement. - Un 2e bonus ! Pour tenter de trouver ces poids du corps dans votre instrument sans forcer je vous suggère ce petit exercice : poser les doigts de vos 2 mains sur les cordes du violoncelle vers la 4e position en enfonçant peu, juste de façon à ce que les doigts touchent la touche. La main gauche sur la corde de La ou Ré et la main droite sur la corde de Do. Comme si vous jouiez des notes avec vos 2 mains. Essayez de bien percevoir le poids de ces 2 mains et de vos bras. Puis basculez très progressivement le poids de votre buste dans le violoncelle (pensez aux pieds!) de façon à ce que les mains s’enfoncent de plus en plus dans la touche sans effort. Elles n’appuient pas : elles se laisse envahir par votre poids. Refaites l’exercice en cherchant ces mêmes sensations et ce moindre effort avec votre main gauche toujours en 4e position et votre archet vers le talon. Toute cette vigilance autour des ingrédients qui vont façonner votre son ne doit jamais vous quitter. Essayer avec le morceau que vous travaillez, de changer un des paramètres : la longueur de votre archet, ou son poids, ou sa place entre touche et chevalet, réadaptez les 2 autres paramètres en fonction du premier et constatez les différences de jeux, de confort et de musicalité. Dans votre jeu vous devez passer votre temps à jongler avec ces éléments et c’est ce qui va rendre votre musique attractive.
- Méandres Musicaux

